Polski rêve d’une gauche qui soit moins maladroite
Au sein d’une gauche azuréenne en perte de repères et en manque de leader, le maire MRC de La Trinité peut-il jouer un rôle ? Lui, assure être « concentré sur sa ville ». Pour l’instant…
Personne ne l’a vu venir. Peut-être parce qu’il a toujours été là. Issu d’une vieille famille niçoise, élu maire de La Trinité en mars 2020 après deux tentatives infructueuses, Ladislas Polski a su imposer son style. Sans esbroufe, ferme et réfléchi.
Fin août, ce proche de JeanPierre Chevènement (MRC) a fait le buzz en imposant « sans distinction » le pass sanitaire à tous ses agents municipaux. Même si la préfecture a retoqué ce choix, la polémique a placé l’édile azuréen dans la lumière. À l’instar d’une tribune, publiée trois jours plus tôt par l’hebdomadaire Marianne, dans laquelle il invitait la gauche à se « réapproprier les valeurs républicaines fondamentales ».
« Il aime vraiment les gens »
Ladislas Polski sera-t-il le nouveau coeur battant d’une gauche azuréenne en perte de repères ?
Selon Fouzia Ayoub, secrétaire de la section « Nice Rive gauche » du PS, le médecin quadragénaire a de solides atouts pour prétendre aux premiers rôles. « C’est un authentique républicain, apprécie-t-elle. Un homme de gauche investi et responsable. » Xavier Garcia, secrétaire démissionnaire du PS 06, renchérit : « Il a un vrai talent d’orateur fondé sur des convictions solides. Surtout, c’est quelqu’un d’humain. Il aime réellement les gens, se met en quatre pour résoudre leurs problèmes. Les Trinitaires le savent. C’est pour ça qu’ils l’ont élu au premier tour avec 59,56 % des voix. Alors qu’ici, depuis des années, le RN fait 60 % aux élections nationales ! »
L’ex-responsable fédéral, qui a grandi dans l’ancienne « ceinture rouge » de Nice et connaît « Ladislas » depuis des années, met toutefois un bémol : « Je ne suis pas certain qu’il veuille reprendre le flambeau. Est-il à l’aise avec la gauche politique actuelle ? Je ne le pense pas. » Derrière cette remarque, une ambivalence. Et l’amorce d’un tacle. Une partie des socialistes azuréens n’a pas digéré son silence lors des derniers scrutins départementaux et régionaux.
« On attendait qu’il prenne position pour nos candidats, soupire l’un d’eux, l’index posé sur ses lèvres. Or, il n’a rien dit. Pas un mot. » Un autre s’agace : « On ne peut pas être à la fois vice-président de la métropole Nice Côte d’Azur, proche de Christian Estrosi et dézinguer les élus avec lesquels on pactise toute l’année. »
Dans son bureau de l’hôtel de ville, l’intéressé sourit. Ne cabre pas devant l’obstacle. « Oui, je travaille en bonne intelligence avec le maire de Nice, confirme-t-il en plissant ses yeux d’azur. C’est un homme qui juge et qui s’engage. Pour le prolongement du tram’ jusqu’à La Trinité, il a donné son accord une semaine seulement après avoir écouté mes arguments ! »
« Pour une gauche qui croit à l’universalisme »
Ceci, affirme-t-il, ne saurait remettre en cause la sincérité de son engagement. « Je défends une gauche qui reconnaît la valeur du travail, qui croit à l’universalisme, à la laïcité, à la promotion sociale par l’éducation. Une gauche qui lutte contre l’individualisme et se montre moins maladroite sur des thèmes qui n’ont pas de couleur politique, comme l’insécurité. »
Voudrait-il participer, au-delà des limites de sa commune, aux débats d’idées qui traversent sa famille ? « Pour l’instant, ce n’est pas ma priorité, affirme-t-il. Le chantier est immense, je reste concentré sur ma ville. Mais plus tard, peut-être, si je peux être utile… »
Antoine de Saint-Exupéry aurait souri en entendant cette phrase. L’auteur du Petit prince savait, mieux que personne, que « l’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre. [On n’a] pas à le prévoir, mais à le permettre. »