Monaco-Matin

L’Escarène : son Thermomix lui explose au visage

Une Escarénois­e a été brûlée au premier et second degrés. Le bouchon de son robot a sauté en pleine cuisson. Un incident qui ne serait pas une première pour le modèle TM31 de la célèbre marque.

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr « respect de la vie privée »

I «l était aux alentours de 7 heures. » Chantal Valeri n’est pas près d’oublier cette soirée du 22 juillet. Cette habitante de L’Escarène, une commune de la vallée du Paillon, était en train de préparer une soupe. Tâche domestique des plus banales… Du moins jusqu’à ce que son Thermomix se mette à vibrer étrangemen­t. « J’étais partie me laver les mains, témoigne Chantal. Je me suis précipitée pour l’éteindre. J’avais le nez dessus lorsque le bouchon de fermeture a sauté d’un coup ! » Une véritable explosion, en fait. Alerté par les cris de sa femme, Albert, le mari de Chantal, accourt : « Lorsque je suis entré dans la cuisine, j’ai eu l’impression que j’étais toujours dans le jardin : il y avait du vert partout. Sous l’effet de la pression, la soupe avait recouvert tous les murs. Il y en avait jusque dans les joints de la fenêtre. »

« J’avais le visage recouvert de cloques »

Albert, ancien boulanger, découvre, alors, le visage de son épouse. «Je me suis dit: “Oh là là, c’est chaud !” », répète-t-il en boucle. Chantal a eu toute la face, le haut du thorax et les bras brûlés au premier et au second degrés. «Les blessures couvraient entre 5 et 10 % de son corps », précise son avocat, Me Alexandre de Vita.

« C’est la douleur qui m’a fait comprendre que c’était grave », poursuit cette Azuréenne de 66 ans. Le couple se précipite alors à la pharmacie

Chantal Valeri et son mari, Albert, chez leur avocat, Me Alexandre de Vita.

la plus proche : « Ils m’ont donné une crème et m’ont dit de filer aux urgences. J’avais des cloques partout sur le visage. Il a fallu les percer une à une », raconte Chantal. S’ensuivent quinze jours de soins à domicile : « L’infirmière venait tous les jours me changer les pansements. »

Près de deux mois après l’accident, des plaques rouges apparaisse­nt encore de temps en temps sur son visage. Les médecins ont été clairs : « Interdicti­on de se mettre au soleil pendant au moins un an et demi. »

Le lendemain de l’accident, Albert contacte le service après-vente de Vorwerk France, la marque qui commercial­ise le célèbre Thermomix. Ce couple d’Azuréens y est fidèle depuis des années.

Demande d’expertise

« J’en ai un depuis que ma première fille a eu l’âge de 5 ans, assure Chantal Valeri. En 40 ans, j’en ai acheté trois différents. Le dernier, c’était en 2014. » Le modèle TM31. Celui-là même qui lui a explosé au visage. « Dans un premier temps, Vorwerk a proposé de m’envoyer un nouveau robot, fulmine Albert. Je leur ai demandé s’ils se foutaient de moi. » Le couple est finalement recontacté par le fabricant de Thermomix, qui lui propose une indemnisat­ion de 4 000 euros. « Vous pensez que ça vaut ça ? », interroge Albert, penché sur les photos de son épouse, le visage brûlé. Son avocat l’interrompt : « Juridiquem­ent ce n’est pas comme ça que ça marche, en tout cas. Nous allons déposer une assignatio­n en référé expertise pour que le tribunal ordonne la désignatio­n d’un expert médical. C’est lui et lui seul qui appréciera l’étendue des préjudices subis par Mme Valeri », martèle Me Alexandre de Vita.

Des précédents

« Ensuite, nous diligenter­ons éventuelle­ment une procédure au fond pour en obtenir l’indemnisat­ion, poursuit l’avocat niçois. Et qu’on ne vienne pas nous parler d’une mauvaise utilisatio­n de l’appareil, tonnet-il. Car ce robot ménager est justement censé s’arrêter de fonctionne­r lorsqu’il y a un défaut de sécurité. Or, un défaut de sécurité, c’est bien ce qu’il s’est passé… Et ce n’est d’ailleurs pas la première fois ! » Le couple Valeri et leur avocat, en fouillant la Toile, ont en effet découvert depuis que la version TM31 de Thermomix a accumulé les incidents : Il y a eu 87 plaintes en Australie, dont 83 concernaie­nt ce modèle, une condamnati­on en Espagne, et même une note de la répression des fraudes françaises (DCCRF) en 2019.

Mais cela, Chantal l’a découvert trop tard. « J’avais pleinement confiance en mon robot, souffle-t-elle. Aujourd’hui même la cocotte-minute me fait peur. »

Contacté, le service après vente de Vorwerk France n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitat­ions au nom du de leurs clients, précisent-ils.

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(Photo Sébastien Botella)

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