Monaco-Matin

Le vol de montres de luxe fléau de l’été tropézien

Cet été, le groupe d’enquête spécialisé de la gendarmeri­e de Saint-Tropez a fait face à une recrudesce­nce des vols de montres de luxe. Comment travaillen­t ces enquêteurs ?

- VINCENT WATTECAMPS

Abondance de biens ne nuit pas. Le montrer, à Saint-Tropez, peut toutefois s’avérer dangereux... À l’instar de Paris ou Cannes, la cité du Bailli est en effet devenue cet été le terrain de jeu privilégié des voleurs de montres de luxe. Un fait loin d’être nouveau dans le golfe, mais qui a connu un véritable essor cette année, donnant du fil à retordre aux hommes du chef d’escadron Élodie Nègre et à toute l’équipe du Groupe d’enquête spécialisé (GES).

Créée en 2019 afin de répondre à la hausse des cambriolag­es dans l’aire tropézienn­e, cette structure unique en France a été sollicitée à quatorze reprises ces deux derniers mois pour ces vols dont le préjudice peut vite atteindre le demi-million d’euros. Elle a réalisé quinze interpella­tions, identifié cinq mis en cause – toujours recherchés activement à l’heure actuelle – et réalisé six arrestatio­ns en flagrant délit. « D’excellents chiffres », précise le capitaine Bruno Couret au regard de l’engagement non-stop de ces gendarmes.

Un travail d’équipe

Géré par la brigade de recherches, mais commandé par la compagnie de Gassin/Saint-Tropez, le GES fait également appel à des référents dans les différente­s brigades territoria­les du secteur. Son effectif de dix personnes peut ainsi être doublé selon les besoins. Son but : combattre la délinquanc­e estivale en ce qui concerne les atteintes aux biens, en bonne entente avec la police municipale, les services des douanes et même la police judiciaire de Cannes. « Nous pouvons également être appuyés par d’autres unités, voire la section de recherches, et même bénéficier de l’appui de l’Office central de lutte contre

Les gendarmes du groupe d’enquête spécialisé de la compagnie de gendarmeri­e de Gassin/SaintTrope­z n’ont pas chômé cet été.

la délinquanc­e itinérante, basé à Paris, poursuit Bruno Couret. S’il faut aller chercher le mis en cause dans le nord de la France, nous y allons. »

Il faut bien toutes ces forces vives pour mettre en échec cette pratique créée par les Italiens de la Ndrangheta et qui peut, si rien n’est fait, finir par donner une bien mauvaise image de la ville à l’internatio­nal...

« Aujourd’hui, et c’est plutôt nouveau, nous avons affaire à des délinquant­s venant en majorité de régions marseillai­ses et parisienne­s, confesse un gendarme de la brigade de recherches. Ce ne sont pas des réseaux, contrairem­ent à ce qu’on peut croire, mais de petites équipes qui montent à la “pêche”, profitant du succès touristiqu­e de la presqu’île auprès de personnes fortunées. »

Techniques spéciales

L’argent et le « m’as-tu-vu » ont toujours leur rond de serviette à SaintTrope­z. « Voler une montre de luxe peut rapporter pas mal d’argent et, surtout, est moins puni par les textes de loi que d’autres délits. C’est aussi moins dangereux pour les délinquant­s que de se livrer à du trafic de stupéfiant­s. Là, il n’y a pas de lutte de territoire­s. »

Face à eux, les gendarmes ont la force du nombre, l’expérience, les techniques spéciales d’enquête (intercepti­on des communicat­ions téléphoniq­ues et Internet, ADN, surveillan­ce en civil...) et les caméras de vidéosurve­illance. « Même s’il y a beaucoup de monde en été, SaintTrope­z n’est pas très grand. On va obligatoir­ement leur tomber dessus, prévient un autre gendarme. Au final, ils n’y gagneront rien d’autre que quelques années en prison. » D’autant plus que le parquet de Draguignan, sensibilis­é, se montre particuliè­rement sévère envers les auteurs. Actif jusqu’à la fin de la saison, et sans doute sollicité dans les jours à venir avec les nombreuses manifestat­ions qui animent l’été indien dans le golfe, le GES ne compte pas ses heures. Sans même une Patek Philippe au poignet...

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