Monaco-Matin

À Fréjus, les militants du RN se cachent pour douter

Marine Le Pen a fait sa rentrée politique, hier matin, dans la cité romaine. Confiants en apparence, ses supporters semblent troublés par l’échec aux régionales... et par Éric Zemmour.

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

C’est quoi ce truc ? » Sourcil relevé, l’agent de sécurité soupçonneu­x pointe un petit objet ovale coincé dans le sac du photograph­e. « C’est une poire, répond le journalist­e en se mordant les lèvres. Ça envoie de l’air pour nettoyer les objectifs. Ça explose rarement… »

Le vigile lâche un borborygme, puis concède un sourire : «Ok. Vous comprenez, on doit être extrêmemen­t vigilant. »

Vigilants, ils le sont. Le millier de profession­nels, d’élus et de militants venus entendre Marine Le Pen, hier matin au théâtre romain de Fréjus, ont été passés au crible des pieds jusqu’à la tête. En revanche, pas de pass sanitaire requis : « Pour les réunions politiques, ce n’est pas obligatoir­e. »

« Zemmour, il dit les choses sans détour… »

Sur les gradins plombés par le soleil, les badauds prennent place en saisissant les drapeaux tricolores déposés à leur intention. Lorsque la fille de Jean-Marie Le Pen s’avancera derrière le pupitre, ces bannières seront dressées vers le ciel. Effet garanti pour les caméras de télévision.

Avant le début du meeting, les conversati­ons roulent sur la présidenti­elle. Deux noms reviennent en boucle : Macron et... Zemmour. « Il risque d’empêcher Marine d’accéder au second tour, grince une petite dame en fronçant les sourcils. Je suis sûr qu’il est envoyé par les Marcheurs. C’est un jaune ! » « Peut-être, mais il ne dit pas que des conneries, objecte son voisin en utilisant son étendard comme une ombrelle. Lui, au moins, il dit les choses sans détour : la France, tu l’aimes ou tu la quittes… » Devant les micros tendus, les militants répètent à l’envi leur certitude que « Marine va gagner. C’est obligatoir­e, sinon ce pays va finir de partir en biberine. »

Les propos échangés mezzo voce, entre eux, trahissent davantage d’inquiétude. La déconvenue des régionales a visiblemen­t laissé des traces. Un retraité s’étonne de l’absence de Thierry Mariani, tête de liste frontiste aux élections de juin. Le député européen était pourtant présent... mais en toute discrétion, en haut des tribunes, loin des caciques.

Pas de clone vocal de Johnny cette année

Cette année, pas de clone vocal de Johnny Hallyday pour faire patienter le public. Pas davantage d’élus étrangers venus clamer leur «admiration » pour la patronne du parti à l’oriflamme.

À 11 h 20, David Rachline joue les chauffeurs de salle. Le maire de Fréjus a la délicatess­e de ne pas faire durer le plaisir. Dix minutes plus tard, Marine Le Pen est sur scène. Après une demi-heure de discours (lire ci-dessous), elle laisse sa place – dans tous les sens du terme – à Jordan Bardella. Le nouveau président du RN enchaîne les vannes comme d’autres enfilent les perles, verbe haut et regard moqueur.

Une rentrée presque ordinaire, en somme, avec en ligne de mire une élection que le RN « ne peut pas, n’a pas le droit de perdre ».

Une de plus.

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(Photo Philippe Arnassan) Chaque spectateur a trouvé sur les gradins un étendard prêt à être agité. Effet garanti.

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