Macron « demande pardon » aux harkis
Le chef de l’Etat a annoncé, hier, une loi « de reconnaissance et de réparation ». L’honneur des harkis qui sont encore nombreux dans les « doit être gravé dans la mémoire nationale ».
A «près la guerre d’Algérie, la France a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants », a reconnu, hier, le chef de l’Etat en s’exprimant au Palais de l’Elysée devant quelque trois cents représentants de cette communauté estimée à huit cent mille personnes.
« La République a contracté à leur égard une dette [...] Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi la prison, je leur demande pardon. Nous n’oublierons pas », a-t-il ajouté. Jusqu’à présent, Emmanuel Macron s’était toujours gardé de demander pardon sur les questions mémorielles, comme le Rwanda ou les essais nucléaires dans le Pacifique. Mais, pour les harkis, il s’agissait d’un «impératif moral » pour « l’idée qu’on se fait de la France », selon un conseiller. Six décennies plus tard, le drame des harkis reste « une plaie à vif », comme l’a montré l’émotion régnant dans la salle des fêtes de l’Elysée où, fait sans précédent, le discours du président a été interrompu par deux enfants de harkis. «Onn’apasde passé [...] Mon coeur est blessé », luia lancé une femme, la voix tremblante et les larmes dans les yeux. Mais Emmanuel Macron a été aussi applaudi lorsqu’il a annoncé la présentation « avant la fin de l’année d’un projet visant à inscrire dans le marbre de nos
Ali Boumendjel...), Emmanuel Macron entend encore participer à deux journées mémorielles d’ici à la fin du quinquennat : la répression par la police française d’une manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, et la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962 qui ont consacré la défaite française en Algérie.
« Des décennies de mépris »
Autant de rendez-vous politiquement sensibles à l’approche de la présidentielle d’avril 2022, alors que les harkis représentent un électorat traditionnellement courtisé par le Rassemblement national et la droite. Bien que soutenant la décision du chef de l’Etat, Eric Ciotti, député LR azuréen et candidat à la primaire de la droite, n’a pas manqué de critiquer le moment choisi pour cette annonce : « Je regrette le caractère électoraliste d’une telle annonce à quelques mois de l’élection présidentielle. »
Pour Marine Le Pen, « la générosité électorale d’Emmanuel Macron ne réparera pas des décennies de mépris ainsi que l’outrage commis par le président à la mémoire de ces combattants de la France accusés, en 2017, avec d’autres, de “crime contre l’humanité” », a-t-elle dénoncé dans un tweet posté avant la réception.