Monaco-Matin

Les plantes médicinale­s

Depuis une dizaine d’années, l’herboriste­rie, avec son savoir-faire ancestral, attire de plus en plus de jeunes. Pourquoi un tel attrait, quels sont les produits et quel cadre pour la pratique ?

- ALEXANDRE ORI ET LOUISE BES

Au détour d’une rue niçoise, un lieu figé dans le temps. Des vieux meubles se dressent sous une arche en pierre et sur toutes les étagères, des flacons, des décoctions et des fioles. Dans l’air, un mélange enivrant, l’odeur forte d’herbes séchées, les arômes des fleurs et les senteurs d’alcool. Dans le lot : des huiles essentiell­es, des infusions, des teintures mères...

Ce n’est pas l’antre d’un sorcier, mais la boutique, en plein coeur de ville, rue Blacas, d’un herboriste, et la connaissan­ce des plantes n’a rien de magique.

Décor du XIXe

Cédric, agent immobilier reconverti il y a un an, évoque un « retour aux sources. » Après avoir repris des études en herboriste­rie, il s’est lancé dans ce « métier d’autrefois ». Dans son décor du XIXe, il conte l’histoire de cette pratique des simplicis herbae : «Ma boutique s’appelle Au bonheur des simples. Les simples, ce sont les plantes médicinale­s cultivées dans les monastères. Au Moyen-Âge, ce secret était inscrit dans des manuscrits ».

Les illustrati­ons de plantes sur le mur prouvent que ce savoir-faire est parvenu à notre époque in extremis. « Pas plus tard qu’au temps de nos arrière-grands-parents, tous, dans l’arrièrepay­s, connaissai­ent chaque plante, leurs vertus et leurs dangers. Mais les villes ont avalé les campagnes, et l’herboriste­rie avec ».

« Revenir aux produits naturels »

Mais pourquoi ce renouveau ? Dans la plus vieille herboriste­rie de Nice, rue Gubernatis, « La maison des plantes » datant de 1938, Sébastien Debrix répond : « Depuis 10 ans, la clientèle est de plus en plus jeune. Ils veulent revenir aux produits naturels [...] parce qu’ils ne veulent pas de médicament­s. La nature est de plus en plus médiatisée. Les jeunes veulent absolument se soigner avec les plantes et manger du bio ». L’herboriste­rie n’est pas reconnue par l’État comme une pratique légale de la médecine. Le risque d’empoisonne­ment est grand selon les mélanges de plantes et cela peut provoquer des allergies. La connaissan­ce des maux est donc de mise pour remplir un rôle de conseiller, comme le précise Grégory Unrein, installé dans les ruelles du vieux Nice : « Il y a des protocoles hyper précis, pour arrêter les antidépres­seurs par exemple. Ce n’est pas un truc qu’on apprend en naturopath­ie ou très peu. C’est pour ça que mes études de pharmacie sont complément­aires. Au final, ce que je vends le plus, ce sont mes conseils ».

Un savoir-faire qui est donc redécouver­t par un public de plus en plus demandeur, qui se presse dans les quatre herboriste­ries niçoises. À croire que quand Hippocrate disait : « Que ton aliment soit ton remède, et ton remède ton aliment » ses mots ont traversé les millénaire­s.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Les herboriste­s jonglent entre les  plantes médicinale­s « libérées » du monopole pharmaceut­ique. « Depuis  ans, la clientèle est de plus en plus jeune. »
(Photo Cyril Dodergny) Les herboriste­s jonglent entre les  plantes médicinale­s « libérées » du monopole pharmaceut­ique. « Depuis  ans, la clientèle est de plus en plus jeune. »

Newspapers in French

Newspapers from Monaco