Les plantes médicinales
Depuis une dizaine d’années, l’herboristerie, avec son savoir-faire ancestral, attire de plus en plus de jeunes. Pourquoi un tel attrait, quels sont les produits et quel cadre pour la pratique ?
Au détour d’une rue niçoise, un lieu figé dans le temps. Des vieux meubles se dressent sous une arche en pierre et sur toutes les étagères, des flacons, des décoctions et des fioles. Dans l’air, un mélange enivrant, l’odeur forte d’herbes séchées, les arômes des fleurs et les senteurs d’alcool. Dans le lot : des huiles essentielles, des infusions, des teintures mères...
Ce n’est pas l’antre d’un sorcier, mais la boutique, en plein coeur de ville, rue Blacas, d’un herboriste, et la connaissance des plantes n’a rien de magique.
Décor du XIXe
Cédric, agent immobilier reconverti il y a un an, évoque un « retour aux sources. » Après avoir repris des études en herboristerie, il s’est lancé dans ce « métier d’autrefois ». Dans son décor du XIXe, il conte l’histoire de cette pratique des simplicis herbae : «Ma boutique s’appelle Au bonheur des simples. Les simples, ce sont les plantes médicinales cultivées dans les monastères. Au Moyen-Âge, ce secret était inscrit dans des manuscrits ».
Les illustrations de plantes sur le mur prouvent que ce savoir-faire est parvenu à notre époque in extremis. « Pas plus tard qu’au temps de nos arrière-grands-parents, tous, dans l’arrièrepays, connaissaient chaque plante, leurs vertus et leurs dangers. Mais les villes ont avalé les campagnes, et l’herboristerie avec ».
« Revenir aux produits naturels »
Mais pourquoi ce renouveau ? Dans la plus vieille herboristerie de Nice, rue Gubernatis, « La maison des plantes » datant de 1938, Sébastien Debrix répond : « Depuis 10 ans, la clientèle est de plus en plus jeune. Ils veulent revenir aux produits naturels [...] parce qu’ils ne veulent pas de médicaments. La nature est de plus en plus médiatisée. Les jeunes veulent absolument se soigner avec les plantes et manger du bio ». L’herboristerie n’est pas reconnue par l’État comme une pratique légale de la médecine. Le risque d’empoisonnement est grand selon les mélanges de plantes et cela peut provoquer des allergies. La connaissance des maux est donc de mise pour remplir un rôle de conseiller, comme le précise Grégory Unrein, installé dans les ruelles du vieux Nice : « Il y a des protocoles hyper précis, pour arrêter les antidépresseurs par exemple. Ce n’est pas un truc qu’on apprend en naturopathie ou très peu. C’est pour ça que mes études de pharmacie sont complémentaires. Au final, ce que je vends le plus, ce sont mes conseils ».
Un savoir-faire qui est donc redécouvert par un public de plus en plus demandeur, qui se presse dans les quatre herboristeries niçoises. À croire que quand Hippocrate disait : « Que ton aliment soit ton remède, et ton remède ton aliment » ses mots ont traversé les millénaires.