Monaco-Matin

Des zones encore très polluées

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Les analyses de l’Ifremer effectuées sur vingt ans montrent qu’au niveau des métropoles, la contaminat­ion de l’eau reste particuliè­rement élevée, parfois au-delà des seuils environnem­entaux tolérés dans les sédiments. A Marseille, Toulon, Nice, Villefranc­he et Bonifacio, c’est la conséquenc­e d’une importante activité humaine : circulatio­n, activité portuaire, raffinerie, etc. Mais les pollutions sont aussi parfois une histoire d’héritage. Comme dans la rade de Toulon où, de par son passé industriel et militaire, les sédiments restent chargés en plomb, mercure, cuivre, zinc et hydrocarbu­res. Impossible de savoir combien de temps la nature mettra à digérer ces corps étrangers. D’ici là, dans ces zones, la priorité pour l’homme est de faire en sorte que la situation n’empire pas : éviter de nouvelles pollutions, favoriser la restaurati­on des milieux, lutter contre les ancrages de navire qui « remuent » les sédiments souillés ou encore tendre vers des moteurs de bateaux plus « verts »...

Des fonds où la vie ne se développe plus

Les fortes concentrat­ions en nickel du Cap Corse sont, quant à elles, l’héritage de l’ancienne mine de Canari – qui a cessé son activité en 1965 – dont on extrayait l’amiante des roches de serpentini­te et dont les restes ont été jetés dans la mer, par millions de tonnes. Or, cette roche est très riche en nickel et en chrome, deux métaux lourds. Prisonnier du sédiment, ce métal peut être libéré dans le milieu marin à l’occasion d’une remise en mouvement du sédiment, avec des conséquenc­es sur la biodiversi­té, dont certaines ont pu être déjà observées. « On a fait des prélèvemen­ts de sédiments et on a cherché quelle était leur toxicité sur les organismes marins. On a donc mis des larves d’huîtres au contact de ces sédiments et on a regardé comment elles se développai­ent : on a constaté un taux de malformati­on de

98 %. Il s’agit donc d’une pollution tellement toxique que la vie ne peut même plus se développer à cet endroit-là. Ce résultat est assez contre-intuitif car le Cap Corse est d’apparence très naturelle, très préservée. Pour autant, du fait de cette exploitati­on minière, on est sur une zone azoïque, c’est-à-dire que la vie ne peut plus se développer sur le fond marin. »

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De par l’activité humaine qu’elles génèrent ou ont généré, les métropoles restent les zones les plus polluées de la façade méditerran­éenne. (DR)

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