Monaco-Matin

Nice : la danse pour lutter contre les violences conjugales

- LOUIS HEINRICH

À jardin : un canapé, une table basse sur un tapis et des livres rangés en vrac sur une étagère. Un salon normal. À cour : une baignoire, un rideau de douche et des serviettes qui sèchent. Une salle de bains normale. Sur scène, Nadia et Dakota vivent dans un appartemen­t qui inspire le plus grand calme. Pourtant, dans le spectacle Judas ,on « entre dans l’intimité de ce couple en regardant par le judas de la porte pour se rendre compte des hauts et des bas, du mariage aux violences conjugales », indique Nicolas Boisset, le président de l’associatio­n Aïe Events, qui organise la représenta­tion au conservato­ire de Nice.

« Montrer ce qu’on ne voit pas »

« La base de notre travail, c’est l’histoire d’une amie commune qui a subi ces traumatism­es », confie Nadia. Depuis deux ans, les deux danseurs travaillen­t leur spectacle pour qu’il soit le plus symbolique possible et alerter sur les violences conjugales. «Onavoulu montrer ce qu’on ne voit pas quand on rencontre un couple dans la rue », renchérit Dakota. Et pour que Nice participe aussi à cette campagne de sensibilis­ation, Nicolas Boisset a tenu à ce que l’on joue Judas à l’occasion des événements Aïe Love You, organisés par son associatio­n.

En 2020, 238 tentatives d’homicide, au sein du couple, ont été recensées en

France. Deux cent trentehuit vies que la société peine parfois à se représente­r comme telles. La danse peut alors servir à montrer la réalité crue des violences conjugales. «Si tu entends qu’il y a cinq femmes par jour qui sont physiqueme­nt agressées, ça ne te dit peut-être rien. En revanche, si tu vois ce que je fais à

Nadia sur scène et que tu penses à ces femmes, ça a un impact beaucoup plus fort », estime Dakota. L’émotion que l’art procure ramène ainsi le réel au premier plan. Et Nadia d’ajouter que « ce qui intéresse les gens, c’est le contraste entre cette violence et la beauté de la danse qui permet de regarder les choses en face ».

Lever des fonds

Pour Maty Diouf, adjointe au maire de Nice, déléguée au Droit des femmes, l’organisati­on de ce spectacle s’inscrit dans une démarche plus large de prévention : « C’est un peu la rampe de lancement d’une série d’actions que nous mènerons auprès du public à partir du 8 octobre », se félicite-t-elle.

Et pour cette première représenta­tion en France, Nicolas Boisset assure que « la totalité des fonds sera reversée à l’associatio­n Une voix pour elles », soit près de 4 000 euros. Il ajoute que « l’événement est soutenu par l’ensemble des collectifs qui luttent contre les violences conjugales dans la région ».

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(Photo Louis Heinrich) Nadia et Dakota jouent Judas pour éveiller les conscience­s sur les violences conjugales.

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