Projets terroristes : six anciens membres de l’ultradroite en procès
Ils voulaient « enclencher la “remigration’’ basée sur la terreur » : le procès inédit de six anciens membres d’un groupuscule d’ultradroite a débuté hier à Paris.
Au premier jour du procès du groupuscule d’ultradroite OAS (Organisation des armées sociales), jugé pour des projets d’attaques terroristes, cinq anciens membres ont affirmé hier « regretter » leur adhésion, assurant qu’ils ne seraient jamais passés à l’acte.
Un sixième prévenu a même déclaré ne jamais avoir adhéré à ce groupuscule, fondé en novembre 2016 et démantelé en octobre 2017, dont l’acronyme OAS rappelle délibérément celui de l’Organisation armée secrète, responsable d’une campagne sanglante contre l’indépendance de l’Algérie dans les années 1960.
Mélenchon et Castaner
Poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste », les six hommes, âgés de 23 à 33 ans, encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement. « J’ai clairement refusé de devenir membre de l’OAS », a déclaré à la barre Louis, trésorier d’« Occitan Squad », une association que l’accusation qualifie de « structure de façade » de l’OAS. « Je pensais donner
Le procès doit durer deux semaines.
mon nom pour ouvrir un bar nationaliste », a insisté Louis, polo bleu et cheveux coupés de près. Loin d’une activité de barman, le ministère public accuse ce groupuscule d’avoir voulu « préparer physiquement, psychologiquement et matériellement des combattants (...) dans les perspectives d’une guerre raciale imminente ». « L’élément déclencheur » pour la création de l’OAS « a été le 13-Novembre puis l’attentat de Nice », selon son créateur Logan Nisin, l’un des prévenus, qui était alors déjà fiché S pour son appartenance à divers mouvements d’ultradroite. Les cibles envisagées : des personnes musulmanes, arabes, noires... ou encore Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, et Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise. Ce dernier, dont la demande de constitution de partie civile sera tranchée à l’issue du procès, doit être entendu vendredi.
« Préméditation intense »
L’enquête a révélé que l’OAS avait des statuts, un organigramme, des manuels de fonctionnement, qu’elle projetait d’extorquer des fonds à des entreprises pour acheter des armes... Des tracts de recrutement appelaient notamment à la haine : « Rebeux, blacks, racailles, migrants, dealers, djihadistes, toi aussi tu rêves de tous les tuer ? Nous en avons fait le voeu REJOINS-NOUS. »
Le tout démontre « une part de préméditation intense », estime le président de la chambre.
« Ce n’était pas quelque chose de structuré encore », répond leur chef autoproclamé Logan Nisin, s’exprimant de manière assurée et soutenue derrière la vitre du box des prévenus. Avec son accent chantant du sud, le jeune homme de 25 ans, aux cheveux sagement coiffés, ajoute qu’il a rédigé les manuels « tout seul », sans penser à une entreprise terroriste. De même, les autres prévenus ont cherché à circonscrire leur action à des mots, pas à des actes. « Avec le recul des années, je peux comprendre que mes propos racistes sont moralement condamnables et je regrette tout ce qui s’est passé », déclare ainsi Romain, 33 ans. « Ce qui est sûr c’est que jamais de ma vie je serais passé à l’acte ».
« J’ai prôné beaucoup de choses, mais je ne les pensais pas toutes », dit aussi Thomas, considéré comme le numéro 2 de l’OAS, citant des « propos homophobes » alors qu’il est « lui-même homosexuel ». « Il est évident que je ne serais jamais passé à l’acte », ajoute l’homme de 23 ans, lunettes et chemise à carreaux.
Logan Nisin, lui, tente de justifier sa xénophobie « d’avant » par un « harcèlement scolaire » qu’il aurait subi pendant l’enfance, de la part « d’enfants maghrébins ».
Il sera interrogé plus en longueur aujourd’hui.