« Sans plan d’attractivité massif, c’est la mort de l’hôpital public »
Avec « seulement » , années d’ancienneté, Florent, infirmier en réanimation à l’hôpital l’Archet, figure parmi les plus anciens du service. « C’est dingue, convient-il avant de préciser. Tous les mois, on a des démissions : trois ce mois-ci, une déjà programmée le mois prochain… C’est du jamais vu. Et souvent, ces personnes changent complètement de carrière ! » Le symbole, selon lui, d’un ras-le-bol et qui n’aurait qu’une seule issue. « On ne pourra redresser la barre qu’avec un plan d’attractivité massif, une revalorisation salariale majeure… Si les pouvoirs publics ne mettent pas ça en place d’urgence, c’est qu’ils souhaitent la mort de l’hôpital public. »
Si Florent garde encore (un peu) la foi, il reconnaît que comme nombre de ses collègues, il lui arrive de pleurer en rentrant chez lui. Épuisement physique, psychique… «On nous appelle pendant nos repos, pour combler les manques de personnel… Mais là, on a de plus en plus de mal à dire oui. “Pourquoi vais-je m’embêter ? Alors que l’on souffre toujours d’un manque de reconnaissance à tous niveaux” .» Le manque de personnel contraignait, aujourd’hui encore, Florent à prendre en charge à patients, au lieu de , comme cela devrait être le cas. «Ilmanque à infirmiers. Aujourd’hui, nous n’étions que deux. La qualité des soins ne peut que s’en ressentir. » Et il évoque des situations similaires dans d’autres services, en très forte tension. Au CHU de Nice, comme ailleurs. « On sait que le problème est national, et que les directions des hôpitaux ne peuvent faire de miracle. Mais au plus haut niveau, il est urgent que l’on se penche sur le manque d’effectifs dans les hôpitaux, lié aux conditions de travail et salariales misérables. Même si le Ségur de la santé a permis d’un peu améliorer ce dernier aspect, on gagne deux à trois fois moins qu’un infirmier en libéral. Et lui, est protégé de toutes les tracasseries qu’on subit à l’hôpital. »…
Et Florent conclut par ces mots qui devraient alerter au plus haut niveau : «Onpensetousà partir. On est fatigué, découragé et on sait que dans les conditions où on exerce, on fait du mauvais travail… »