Monaco-Matin

Tempête Alex : les disparus vont être déclarés décédés

L’enquête sur les victimes des inondation­s du 2 octobre 2020 est close, apprend-on à quelques jours de ce sinistre anniversai­re. Le bilan s’établit à 18 victimes, dont 10 ont été retrouvées.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ils ont cherché dans la boue, sous l’eau, dans la montagne et sur le littoral. Ils ont cherché les disparus sur le terrain, cherché des indices en laboratoir­e. Malgré tous leurs efforts, les gendarmes n’ont pu retrouver toutes les victimes de la tempête Alex. L’enquête est désormais close. Le bilan s’établit à 18 victimes.

À la suite des inondation­s meurtrière­s du 2 octobre 2020, le parquet de Nice avait ouvert une enquête pour déterminer les causes de la mort. Enquête conduite par la brigade de recherches de Puget-Théniers, avec celles de Nice et Menton, la section de recherches de Marseille et l’IRCGN. « Plusieurs centaines de gendarmes ont été mobilisés. Enormément de moyens ont été déployés », rappelle le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme.

L’enquête a été clôturée mi-juin, précise le magistrat, confirmant une informatio­n de 20 Minutes. « Le bilan reste celui que l’on avait annoncé ». À savoir 18 victimes. Terrible. Mais « la catastroph­e était telle que l’on pouvait craindre un bilan beaucoup plus lourd », précise Xavier Bonhomme. Pour mémoire, les intempérie­s du 3 octobre 2015 avaient fait 20 morts sur la Côte d’Azur.

Deux victimes inconnues

À la suite de la tempête Alex, 10 victimes ont pu être « identifiée­s d’une manière certaine » : 6 dans la Vésubie, 4 dans la Roya. 8 autres sont portées disparues (5 dans la Vésubie, 3 dans la Roya). 6 d’entre elles sont identifiée­s. Nul ne sait qui sont les 2 autres, emportées à Breil-sur-Roya. Mais Parvine

Derivery, le procureur adjoint qui a suivi de près l’enquête, cite « des témoignage­s concordant­s signalant deux personnes emportées dans leur voiture alors qu’elles tentaient de s’en extraire. »

En tout, 10 hommes et 8 femmes, âgés de 22 à 99 ans, ont donc succombé aux foudres d’Alex. Pour identifier les corps, les experts de l’IRCGN (institut de recherche criminelle de la gendarmeri­e nationale) ont croisé analyses ADN, odontologi­ques, et indices fournis par les familles, comme la présence d’un tatouage. Pour les disparus, le parquet s’est appuyé sur les témoignage­s ou vidéos attestant que les malheureux n’avaient aucune chance d’en réchapper. C’est le cas de Léopold Borello, 88 ans, emporté dans sa maison de Roquebilli­ère avec sa femme Josette, 83 ans. Cette retraitée a été la dixième victime identifiée. Le sapeur-pompier Loïc Millo, 31 ans, figure lui aussi parmi les disparus. Les flots ont emporté la voiture qu’il occupait avec le commandant Bruno Kohlhuber, 49 ans, formelleme­nt identifié.

Urgent pour les familles

« L’enquête était très complète, très longue, et les circonstan­ces de leur disparitio­n laissent peu de doute sur le fait qu’ils sont décédés, explique Parvine Derivery. Nous avons fait d’importante­s recherches, notamment spéléologi­ques. On a fait passer des chiens, sondé les écoulement­s d’eau, les plans d’eau, fait des demandes d’entraide en Italie... On n’a pas retrouvé d’autres corps provenant de la tempête. Au bout d’un moment, il était urgent de clôturer. »

Urgent pour les familles. Certaines se retrouvaie­nt « dans des situations ubuesques, avec des dates de décès différente­s pour un même couple », constate Parvine Derivery. Le parquet a donc introduit des requêtes en déclaratio­n judiciaire de décès, « pour 6 des 8 disparus» , précise Xavier Bonhomme. Le tribunal civil doit examiner la première affaire le 20 octobre. Objectif : officialis­er ces décès.

A moins d’une nouvelle découverte de corps, c’est donc la fin d’une enquête hors norme, et internatio­nale, certains corps ayant été retrouvés en Italie ou au large de Monaco. Une enquête inédite, aussi, car « les investigat­ions ont été rendues plus complexes par la destructio­n de deux cimetières, qui abritaient 400 personnes », insiste Xavier Bonhomme. L’enquête est close. Mais pour les familles des disparus, débute un autre processus : la reconnaiss­ance administra­tive de leur décès. Parvine Derivery en convient : « Ce sera vraiment fini quand ces familles pourront faire leur deuil ».

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(Photo archives Dylan Meiffret) Après la tempête, les gendarmes de l’IRCGN (institut de recherche criminelle) avaient installé un laboratoir­e mobile à Nice.

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