Monaco-Matin

Coup de pied à Payet : le supporter fixé sur son sort le  septembre

Tony C., l’un des ultras du Gym qui a pénétré sur la pelouse lors du match pour agresser Dimitri Payet, regrette son comporteme­nt. Cinq ans d’interdicti­on de stade et six mois ferme requis.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr.

L’envahissem­ent de la pelouse de l’Allianz Riviera et les violences commises sur des joueurs, lors du match Nice-Marseille le 22 août, ont provoqué un séisme dans le monde du foot. La comparutio­n en correction­nelle d’un supporter du Gym, Tony C., 28 ans, poursuivi pour avoir frappé Dimitri Payet, joueur emblématiq­ue de l’OM, est l’une des nombreuses répliques judiciaire­s prévues dans les semaines à venir. Le tumulte médiatique s’est évanoui. La Ligue de football a sanctionné sportiveme­nt le club de Nice et Tony C. se présente libre, repentant, dans un climat apaisé, devant la présidente Audrey Albertini.

« J’ai vu rouge »

Préparateu­r de commande en intérim, il est l’un des premiers supporters à s’être précipité sur le terrain à la 75e minute, alors que Dimitri Payet, lassé de recevoir des bouteilles d’eau, venait d’en relancer une en direction de la populaire Sud. La photo de Tony en train de porter un coup de pied au joueur vedette a fait le tour des médias. « Avez-vous revu les images ? », questionne d’emblée la présidente.

« Apparemmen­t je touche Gerson puis Payet.

– Ça fait cinq ans que vous fréquentez le stade, quel était votre état d’esprit ?

Le  août, le match entre Nice et Marseille avait dû être interrompu.

– Dès que j’ai vu M. Payet jeter une bouteille, ça m’a fait descendre de la tribune. Je voulais lui demander des comptes. Je condamne les jets de projectile­s, en ce qui me concerne.

– Vous avez vu rouge ditesvous dans votre audition qui s’est retrouvée par je ne sais quelle opération du Saint-Esprit dans L’Equipe.

– Je comprends parfaiteme­nt que Dimitri Payet ait pu réagir ainsi. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. C’était pas mon but premier d’être violent.

– C’est vous qui allez au contact. On est loin d’un geste de défense ».

« Ambiance très tendue »

Me Dubeck, avocat du joueur et de l’OM, réclame l’euro symbolique au titre des dommages-intérêts. Il s’appuie sur le rapport de policiers qui ont dû « aider des stadiers à repousser des supporters ». « L’ambiance était très tendue toute la première mi-temps, à cause de quelques Ultras niçois de la tribune Sud », insiste l’avocat marseillai­s. « Une image vaut mille mots et là nous avons mille images. On voit monsieur courir vers les joueurs pour leur asséner un coup de pied. C’est un geste d’agression sans explicatio­n valable. » Alors que le club de Nice n’est pas représenté, Me Meillet souligne, pour sa part, que « c’est la première fois que l’Union nationale des footballeu­rs profession­nels se porte partie civile. Me Peyrelevad­e, conseil de la Ligue française de football (LFP) estime «que la violence dans le football est un cancer. » « C’est une bêtise, dit Monsieur, mais si les cinquante supporters qui le suivent veulent tous frapper M. Payet ? Certes on a voulu dépassionn­er. Il ne faut pas surréagir mais l’image de ce match peut influencer de futures rencontres. Il y a bien un problème dans la gestion des ultras à Nice. »

Six mois ferme

Cinq années d’interdicti­on d’enceinte sportive, soit le maximum prévu et un an de prison dont six avec sursis sont requis par la procureure. « Monsieur a terni l’image de ce sport, gâché la fête alors que les supporters ont été longtemps privés de stade », insiste la magistrate. Le défenseur, Me Benjamin Taieb, contre-attaque en critiquant l’attitude de Dimitri Payet qui, selon l’avocat niçois, a mis le feu aux poudres. Il conteste également la notion de « violences en réunion » reprochée à son client : « Les blessures au dos de M. Payet ne sont pas imputables à Tony C. » « L’interdicti­on de stade, ce sera dur à vivre mais j’assumerai », a confié le prévenu en début d’audience. A la fin des débats, il se défend encore : « J’espère ne pas être traité comme un exemple. Je n’ai jamais eu de faits répréhensi­bles en vingt-huit ans. Je ne suis pas un hooligan. » Le tribunal rendra son jugement le 30 septembre.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco