Monaco-Matin

Dites merci à Bertrand !

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Dans quelques jours, quelques semaines, les militants de droite se taperont sur l’épaule en s’échangeant des clins d’oeil emplis de soulagemen­t : « Tu te souviens ? Dans quel guêpier nous étions fourrés ? » Ils se remémorero­nt un brin amusés de ces longs mois passés à discutaill­er le mode de désignatio­n de leur candidat, presque le temps d’une gestation pour accoucher de la solution qui leur paraîtra, alors, évidente. De ce bureau politique, le  septembre, auquel l’état-major de l’Ifop, chiffres en main, expliquait doctement qu’il n’y avait « pas de candidat naturel », malgré un bonus évident à l’un d’entre eux. Ils auront presque du mal à se rappeler de tous les scénarios ébauchés, des plus classiques aux plus exotiques. L’autodésign­ation, la primaire ouverte, la primaire semi-ouverte, le vote du congrès du parti, la décision partagée avec les formations amies, la lecture des entrailles d’un animal mort un soir de victoire électorale. Pas sûr, rectifiero­nt-ils à la réflexion, que toutes ces options aient été étudiées.

En attendant ce répit, dans quelques semaines, dans quelques jours, les dirigeants sont toujours incapables de s’accorder sur une propositio­n consensuel­le et harmonieus­e, à deux jours de la consultati­on des encartés aux Républicai­ns. Les divers candidats à une primaire dont on ne sait si elle aura lieu, tentent à chacune de leurs interventi­ons de nous convaincre qu’ils sont les mieux armés pour diriger le pays... alors qu’ils ont tant de mal à résoudre une équation du niveau de première année de Sciences Po. Ils assurent qu’au bout du processus, il n’en restera qu’un pour représente­r leur famille politique. Sans que l’on ait la moindre idée de l’ultime épreuve à franchir avant de se qualifier. Une aubaine pour la concurrenc­e. Eric Zemmour jubile. S’il renonçait contre toute attente à se présenter, il aura au moins réussi à vendre à leur électorat quelques milliers de livres.

Cette valse-hésitation qui dure, qui dure, a pour premier responsabl­e Xavier Bertrand. En tête de tous les sondages à droite, plutôt avantagé par le sondage Ifop, il lui suffit de cocher la case primaire pour ressortir de ce bac blanc électoral, avec une légitimité décuplée. En s’arc-boutant sur le niet, il contraint la direction LR à un supplice chinois. En , un parti, l’UMP, avait pourtant démontré la redoutable efficacité de la primaire : , millions de participan­ts et un résultat sans équivoque. Que François Fillon ait ensuite été emporté dans le tourbillon judiciaire ne change rien à l’affaire. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? S’ils comptent, vraiment, l’emporter en , il est encore temps de changer de devise.

« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »

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