Dites merci à Bertrand !
Dans quelques jours, quelques semaines, les militants de droite se taperont sur l’épaule en s’échangeant des clins d’oeil emplis de soulagement : « Tu te souviens ? Dans quel guêpier nous étions fourrés ? » Ils se remémoreront un brin amusés de ces longs mois passés à discutailler le mode de désignation de leur candidat, presque le temps d’une gestation pour accoucher de la solution qui leur paraîtra, alors, évidente. De ce bureau politique, le septembre, auquel l’état-major de l’Ifop, chiffres en main, expliquait doctement qu’il n’y avait « pas de candidat naturel », malgré un bonus évident à l’un d’entre eux. Ils auront presque du mal à se rappeler de tous les scénarios ébauchés, des plus classiques aux plus exotiques. L’autodésignation, la primaire ouverte, la primaire semi-ouverte, le vote du congrès du parti, la décision partagée avec les formations amies, la lecture des entrailles d’un animal mort un soir de victoire électorale. Pas sûr, rectifieront-ils à la réflexion, que toutes ces options aient été étudiées.
En attendant ce répit, dans quelques semaines, dans quelques jours, les dirigeants sont toujours incapables de s’accorder sur une proposition consensuelle et harmonieuse, à deux jours de la consultation des encartés aux Républicains. Les divers candidats à une primaire dont on ne sait si elle aura lieu, tentent à chacune de leurs interventions de nous convaincre qu’ils sont les mieux armés pour diriger le pays... alors qu’ils ont tant de mal à résoudre une équation du niveau de première année de Sciences Po. Ils assurent qu’au bout du processus, il n’en restera qu’un pour représenter leur famille politique. Sans que l’on ait la moindre idée de l’ultime épreuve à franchir avant de se qualifier. Une aubaine pour la concurrence. Eric Zemmour jubile. S’il renonçait contre toute attente à se présenter, il aura au moins réussi à vendre à leur électorat quelques milliers de livres.
Cette valse-hésitation qui dure, qui dure, a pour premier responsable Xavier Bertrand. En tête de tous les sondages à droite, plutôt avantagé par le sondage Ifop, il lui suffit de cocher la case primaire pour ressortir de ce bac blanc électoral, avec une légitimité décuplée. En s’arc-boutant sur le niet, il contraint la direction LR à un supplice chinois. En , un parti, l’UMP, avait pourtant démontré la redoutable efficacité de la primaire : , millions de participants et un résultat sans équivoque. Que François Fillon ait ensuite été emporté dans le tourbillon judiciaire ne change rien à l’affaire. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? S’ils comptent, vraiment, l’emporter en , il est encore temps de changer de devise.
« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »