Mélenchon vs Zemmour, le choc des tribuns ce soir
Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, deux tribuns à l’opposé du spectre politique, représentant pour l’un la gauche radicale et pour l’autre l’extrême droite identitaire, s’affrontent ce soir sur BFMTV, une manière pour chacun de conforter leur présence en vue de la présidentielle. Le chef de file de la France insoumise, candidat à l’Elysée, souhaite occuper le terrain à gauche, où la socialiste Anne Hidalgo a lancé sa campagne tandis que les écologistes ont entamé le second tour de leur primaire, avec un débat hier soir entre les finalistes Yannick Jadot et Sandrine Rousseau.
Immigration et l’islam
Le polémiste, qui ne cache plus ses ambitions présidentielles, entend lui rester présent dans le débat public, même s’il n’est toujours pas candidat pour 2022. Privé d’émission quotidienne sur CNews après la décision du CSA de décompter son temps de parole, il est « candidat au débat » en même temps qu’aux plateaux télévisés pour « imposer » ses thèmes de prédilection que sont l’immigration et l’islam.
Zemmour et Mélenchon débattront ce soir à h .
M. Mélenchon a dit lundi vivre « comme un combat » ce face-àface avec Eric Zemmour, qui a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale et représente à ses yeux un « lepénisme concentré ».
Pétain
L’insoumis dénonce la « doctrine » du polémiste, partisan de la théorie complotiste du « grand remplacement » (de la population européenne par une population immigrée qui l’organise, N.D.L.R.) qui est le ferment à ses yeux d’une « guerre civile » à venir.
« Ces idées-là sont dangereuses » et conduisent « à la violence », affirme M. Mélenchon. Mais son choix d’en découdre avec le polémiste est contesté sur les réseaux sociaux par certains militants de gauche, pour qui cette joute offre une publicité à M. Zemmour. Yannick Jadot a vertement critiqué lui aussi ce duel : « Ça s’appelle gratter le buzz » avec pour seul résultat « de donner de la force aux idées choquantes » de l’essayiste d’extrême droite qui consistent à se demander si «Pétain était un résistant » ou s’il faut « interdire des prénoms dans notre pays ».
Pourtant, le président du groupe des députés LFI mettait en garde vendredi dans Libération contre le risque de « se laisser enfermer dans des débats puants avec Zemmour et compagnie ».
« Dégonfler la baudruche Zemmour »
Il a expliqué ensuite qu’il ne voulait « pas passer la campagne à discuter de sécurité et d’immigration » et qu’il souhaitait imposer ses thèmes à lui, comme «lesocial et l’écologie », qui constitueront « la moitié de l’émission ». Jean-Luc Mélenchon, 70 ans, connaît bien Eric Zemmour pour être allé fêter les 50 ans du polémiste en 2008.
Dans les sondages, ils sont dans le même étiage d’intentions de vote, entre 7 et 11 %. Mélenchon bénéficie du meilleur score à gauche, tandis que Zemmour bouscule les candidats présumés de la droite et prend surtout des voix à Marine Le Pen.
Côté préparatifs, on explique dans l’entourage d’Eric Zemmour qu’il « travaille seul » ce débat, « en écoutant les gens ». « On a la vérité de notre côté, pas besoin d’inventer grand-chose », assuret-on.
Manuel Bompard, eurodéputé et directeur de campagne de Mélenchon, affirme que le candidat « prépare sérieusement le débat, comme d’habitude », désireux de « dégonfler la baudruche Zemmour » sur « un certain nombres d’inepties et de mensonges ».