Me Paul Sollacaro, du barreau de Nice, attaque deux syndicats de magistrats
La scène s’est déroulée le 11 mars en correctionnelle à Aix-en-Provence. Le président Marc Rivet avait fait sortir Me Paul Sollacaro, avocat ajaccien du barreau de Nice de la salle d’audience « sans
ménagement » par la police.
« Nous n’avons jamais cherché à interférer et nous avons été naïfs »,
lance Me Paul Sollacaro, après la décision de Jean Castex de ne pas engager de poursuites disciplinaires à l’encontre du magistrat Marc Rivet. « Pire, tempête-t-il, nous avions envoyé un courrier le 30 août au Premier ministre pour savoir où en était l’affaire, nous n’avions pas eu de réponse ». Et la réponse a été publiée au Journal officiel...
Un rapport
« tronqué et orienté »
Sidéré par la forme et par le fond, l’avocat ajaccien du barreau de Nice et son conseil niçois, Me Philippe Soussi, sollicitent donc une deuxième enquête de l’Inspection générale de la justice, l’IGJ. Selon eux, le rapport rendu en avril 2021 et dont ils n’ont pu prendre connaissance, précisentils, que récemment, est « tronqué, partial ou au moins partiel. Et orienté ».
« Les prévenus qui ont assisté à la scène n’ont pas été auditionnés », argumente, entre autres, Me Sollacaro.
Le 19 mars, Jean Castex – à la place du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti qui a dû se déporter puisqu’il est avocat – ordonnait une enquête de l’IGJ.
L’affaire dans l’affaire
C’est là qu’intervient l’affaire dans l’affaire... Paul Sollacaro vient de
déposer plainte à Paris contre l’USM, l’Union syndicale des magistrats, et le SM, le Syndicat de la magistrature, pour « dénonciation calomnieuse ».
L’avocat corse enrage : « J’apprends que sur les deux plaintes sur d’éventuels conflits d’intérêts, déposées par ces deux syndicats contre Éric Dupond-Moretti, l’une d’elles concerne mon affaire. En clair, les syndicats affirmaient que si l’IGS a diligenté une inspection c’était du copinage parce que j’étais “très proche” de lui ». Il est
plus qu’agacé : « J’y vois une volonté de pression, de déstabilisation. C’est un scandale, je ne vais pas faire les frais de la guerre que livrent les syndicats de la magistrature au garde des Sceaux. La preuve, cette plainte sur laquelle mon nom est couché a été classée sans suite. »
Son conseil, Me Soussi, résume le dossier : « Le premier rapport est lacunaire et dénoué de motivation. Il faut une deuxième inspection. Et que ce soit bien clair, l’expulsion d’une audience d’un avocat en robe avec le recours de la force publique est illégale ! La décision du Premier ministre de ne pas poursuivre le magistrat est incompréhensible. »
Quant au bâtonnier de Nice, Thierry Troin, il appuie : « On attendait sereinement et dignement le rapport et c’est un enterrement de première classe. »