Tual : Nice au coeur
L’Aquitain a pris la 7e place aux Jeux Olympiques sur 800 m, cet été au Japon. En juin dernier, un meeting dans la capitale azuréenne avait été une étape majeure de son éclosion. Il se souvient.
Il est redescendu de son nuage. Gabriel Tual est rentré chez lui, à Bordeaux, où il poursuit ses études de conducteur de travaux. Le nez dans ses cours, son esprit ne vagabonde plus à Tokyo et au Japon. Dans ses rêves, ses pointes ne le portent plus sur la piste du stade olympique. Dans la boîte à souvenirs, il a soigneusement rangé ses jambes de feu et son coeur énorme. Cet été, sa 7e place aux Jeux sur 800 m l’a placé dans la cour des grands, aux côtés des Amos, Korir, Rotich et autres Tuka. Mais l’athlète de 23 ans en veut déjà plus. « C’est top ce que j’ai réalisé mais c’est déjà du passé, expose le natif de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Rien ne dit que je ferai mieux dans trois ans à Paris. L’avenir sera toujours un combat. »
Record pulvérisé
Meilleur Tricolore en terre nippone, le vice-champion de France a pris un léger ascendant sur Benjamin Robert et le champion du monde 2017, Pierre-Ambroise Bosse, éliminés en série et en demi-finales. « Je suis n°1 français sur le papier mais cela peut changer très vite, tempère le protégé du coach Bernard Mossant. Je ne me préoccupe pas trop de ça. »
Aux Jeux, le licencié de l’US Talence a brisé une barrière psychologique. Ce qu’il retient en priorité. « J’ai grandi mentalement et physiquement, pose-t-il. Avant Tokyo, j’imaginais mes concurrents imbattables. J’ai un regard différent désormais. Je sais qu’ils ne sont pas aussi impressionnants que je le pensais. Ce sont aussi des êtres humains. L’année prochaine, il y aura les Mondiaux d’Eugene (1524 juillet) et l’Euro de Munich (15-21 août). J’espère faire aussi bien qu’aux Jeux voire mieux. »
2021 et les JO ont permis au Lot-etGaronnais de pulvériser son record personnel (1’45’’84 en début d’année). En quelques mois, il lui a raboté 1’’56 et l’a figé en 1’44’’28 en demi-finales aux Jeux. « Courir sous les 1’44’’ en 2022 ? Plein de barrières peuvent tomber et j’espère en briser plus d’une », commente le Girondin d’adoption, dont les performances lui ouvrent les portes des meetings de prestige, comme ceux de la Diamond League. « Il y a toujours la souffrance, mais c’est plus facile de performer. Personne ne se calcule. Chacun sait pourquoi il est là : ça part à fond et ça termine à fond », apprécie l’enfant de Prayssas, près d’Agen.
« Un lion en cage »
Dans cette envolée chronométrique, Nice a été un palier important. Dans la capitale azuréenne, Tual a claqué les minima olympiques en 1’44’’44, le 12 juin. Quelques jours après les avoir manqués à Marseille pour cinq centièmes. A Charles-Ehrmann, il passait pour la première fois sous les 1’45’’00. Un moment charnière. « C’était l’une de mes dernières cartouches pour me qualifier, rembobine le demi-fondeur. J’étais revanchard et énervé d’être passé près lors du meeting précédent. J’étais surmotivé, comme un lion en cage. Je voulais y arriver et tout défoncer. Cela s’est vu dans la dernière ligne droite. Je me suis déchaîné. La piste était top ! »
Il revoit la « Wavelight » danser sur le bord de piste, ce faisceau lumineux indiquant la meilleure performance mondiale de l’année et les minima. « Je ne voyais plus de lumière dans les 200 derniers mètres, resitue Tual . Je me suis dit que j’étais dans les clous. C’était encore le cas à 80, 50 puis 20 m de la ligne. On a couru sans temps de passage, sans être absorbés par le chrono et cette pression qui peut faire la différence négativement. Je vais devoir courir de plus en plus de cette manière. »
Nice ? Il y reviendra et souhaite que le meeting « prenne de l’ampleur », comme aux plus belles heures du Nikaïa (1976-2001). L’appel est lancé.