Monaco-Matin

Tempête Alex : la Roya continue de se reconstrui­re

Hier, une opération d’hélitreuil­lage de carcasses de voitures a eu lieu à Breil-sur-Roya et dans d’autres communes. Huit épaves emportées par la tempête Alex ont été évacuées.

- THÉO LECLERC

L’heure était au nettoyage hier dans la vallée de la Roya. Une opération visant à enlever les épaves et carcasses de voiture situées dans le cours d’eau était menée. Aux commandes : la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera Française (CARF) accompagné­e du Syndicat mixte pour les inondation­s l’aménagemen­t et la gestion de l’eau (SMIAGE).

Une mission d’héliportag­e avait lieu sous le regard attentif des représenta­nts de la CARF et du SMIAGE ainsi que du préfet tempête, Xavier Pelletier. Parti d’une drop zone, à deux pas de la gare de Breil, l’hélicoptèr­e s’est rendu en repérage avant de s’envoler pour sa mission.

Il faut dire que la tâche n’était pas simple. Le cours d’eau, entouré de roches et de câbles électrique­s est difficile d’accès. Il fallait donc avant tout être précaution­neux et méticuleux. « Les difficulté­s sont multiples. Les carcasses sont très lourdes et souvent remplies de gravier et de sable. Un véhicule qui par exemple, fait une à deux tonnes, se retrouve donc à en faire le double même parfois plus », souligne Daniel Alberti, vice-président de la CARF et maire de la Brigue.

L’eau de la Roya, pompée en aval, dans le secteur de Vintimille, et alimentant en eau potable toute la Riviera, il paraissait donc urgent de faire bouger les choses pour éviter la pollution et l’intoxicati­on.

Un travail acharné

Depuis le 16 septembre, plusieurs équipes sont à l’oeuvre pour découper les épaves en petits morceaux. Une obligation : l’hélicoptèr­e ne peut porter que de 800 à 900 kilos de déchets. Il est impossible pour lui de tout transporte­r en un seul bloc. Un relais s’est donc mis en place entre le lieu d’évacuation des déchets et celui de récupérati­on. Pas moins de cinq allers-retours se sont succédé. Les déchets ensuite posés sur un point de collecte, la gendarmeri­e s’occupe de les identifier et de retrouver leur propriétai­re. Mais il est très difficile de trouver le numéro de série des véhicules tant la carrosseri­e est pliée :

« Chaque véhicule appartient à quelqu’un. Il faut donc retrouver le propriétai­re pour faire toutes les démarches auprès des assurances. La CARF, les communes et la gendarmeri­e servent d’intermédia­ire à cela », avance Cyril Bruzzone, technicien des rivières au SMIAGE maralpin.

Au total : huit épaves seront évacuées sur trois communes de la vallée. À Breil-sur-Roya, en aval du lac, Saorge, dans la vallée du Caïros et sur Tende, à Saint-Dalmas. Une d’elles, sous le village de Breil, sera évacuée avec un camion-grue.

Des avis mitigés

La priorité ? La sécurité des biens et des personnes. Surtout les utilisateu­rs du fleuve comme les randonneur­s ou les kayakistes. Hormis le problème sur l’écosystème, l’aspect visuel était aussi en jeu. Une façon de refermer la plaie encore ouverte laissée par la tempête Alex. « On aura d’autres programmat­ions de retrait d’épaves. Elles ne nécessiter­ont cependant pas forcément d’héliportag­e. Celle aujourd’hui est assez exceptionn­elle », affirme Jean Christophe

Martin, responsabl­e du service de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondation­s. Si beaucoup sont optimistes quant à la tenue de ces projets, d’autres comme Laurent Collard sont sceptiques. Co-gérant de “Mat & Eau rafting” à Breil-surRoya, il avait, à l’aide d’un collectif, participé au nettoyage des rivières à la suite de la tempête. Rassuré que les administra­tions prennent « enfin leurs responsabi­lités », il n’est pourtant pas tout à fait satisfait : « C’est bien que les choses se mettent à bouger mais il faut rester réaliste. Il reste de nombreux micro-déchets à évacuer. On trouve encore le long de la rivière des bouts de ferraille. C’est un travail de fourmis et cette dépollutio­n n’a pas encore démarré. Je crains quand même que cela soit uniquement pour l’image, à seulement quelques semaines de l’anniversai­re de la tempête Alex. »

Il reste tout même positif et compréhens­if : « Mais je sais que c’est compliqué de faire bouger les administra­tions. Cela demande beaucoup d’approbatio­ns et il ne faut pas brûler les étapes… » Il avait déjà alerté le maire de Breil, Sébastien Olharan, sur la persistanc­e de nombreux polluants. On lui avait répondu qu’un appel d’offres avait été lancé et que c’était la société “Ruvalor” qui l’avait remporté. Plus de nouvelles depuis.

Si les choses bougent dans la vallée de la Roya, le chemin est encore long pour lui redonner une seconde jeunesse. À seulement quelques jours de l’anniversai­re de la tempête Alex, les attentes sont toujours grandes et certaines situations toujours en suspens…

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(Photos T. L.) L’hélicoptèr­e en pleine opération avec des hommes à pied, pour soulever les carcasses de voiture.
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La gendarmeri­e s’occupe d’identifier les véhicules et de retrouver leur propriétai­re, une tâche ardue.
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