Monaco-Matin

Le Potager Extraordin­aire et son potimarron de  kg

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Baptiste Pierre est jardinier-botaniste au Potager Extraordin­aire. Une associatio­n vendéenne qui organise, chaque année, le concours des fruits et des légumes géants. Avec un certain écho, puisque les délibérati­ons du jury étaient suivies par un millier d’amateurs, avant que la pandémie ne s’en mêle. Rendez-vous le premier dimanche d’octobre, à La Roche-sur-Yon.

Qu’est-ce que le Potager Extraordin­aire ?

Le Potager Extraordin­aire, depuis une trentaine d’années, a pour mission de conserver en Vendée des plantes potagères et extraordin­aires. Les premières représente­nt les trois quarts de la collection, couvrant le patrimoine français, mais aussi internatio­nal. Le quart restant étant composé par toutes les choses les plus bizarres ou tordues que l’on trouve sur la planète, ou certaines pouvant sentir la crotte de chien ou le poisson pourri, avec aussi des plantes géantes ou miniatures, ou carnivores, en tout cas singulière­s.

Et ce concours des plus gros fruits et légumes ?

Aux halles de Paris, à l’époque, on trouvait les prémices du concours agricole avec les plus belles vaches, les plus gros boeufs, les bêtes les plus exceptionn­elles. Mais les maraîchers, un peu mis de côté, ne participai­ent pas à la fête. Est venue petit à petit cette idée du concours des légumes géants, une tradition chez les Anglo-Saxons. À la fin des années quatre-vingt-dix, nous avons commencé par des potimarron­s et des citrouille­s de quelques dizaines de kilos, et en fouinant, nous nous sommes rendu compte que les choses étaient très organisées au niveau internatio­nal. Si bien que notre concours est le seul de l’Hexagone à être officielle­ment reconnu dans le monde. Des gens viennent de pays voisins, comme l’Espagne ou l’Angleterre, même si nos participan­ts sont majoritair­ement français, naturellem­ent.

Et ce record a été battu en  avec un potimarron presque deux fois plus lourd !

Quelques records ?

Les compétiteu­rs arrivent avec un camion, parfois avec remorque, tant ce qu’ils apportent est colossal. Nous avons battu l’année dernière un record avec un potiron géant de  kg ! C’était un cultivateu­r de la Sarthe, qui respectait le cahier des charges de l’agricultur­e biologique. Il faut préciser que nous avons tout ce qu’il faut pour décharger, et que le protocole est très strict : il ne doit y avoir aucune trace de coup, aucune blessure. Tout est ausculté afin que l’on ne puisse pas soupçonner que l’on ait pu mettre quelque chose à l’intérieur. Nous avons eu aussi une tomate de , kg par un compétiteu­r de Dordogne. Ou une gourde géante de , m, un fruit qui ressemble un peu à une courgette.

Comment des fruits et légumes atteignent-ils de telles proportion­s ?

Ce sont d’abord des génétiques qui sont échangées entre les compétiteu­rs du monde entier. Ils les croisent perpétuell­ement les uns avec les autres pour obtenir toujours le potiron le plus gros. Ensuite intervienn­ent une multitude de petits tours de main et de savoir-faire qu’ils améliorent en permanence. Et ce qui est très intéressan­t en France, c’est que nous sommes probableme­nt les seuls à faire majoritair­ement en bio. Avec, par exemple, de la mycorhizat­ion : on associe des champignon­s avec les racines du potimarron pour « booster » sa croissance. On traite au lait pour éviter l’oïdium. On utilise des décoctions d’algues pour accélérer, avec les hormones, le développem­ent. Tous éléments qui, en s’additionna­nt, permettent des exploits.

Qu’est-ce qui fascine le public ?

Nous sommes toujours fascinés par ce qui est hors normes. Par ce qui est extraordin­aire. Par le dépaysemen­t de quelque chose qui n’est pas commun. Les génération­s un peu plus anciennes ont toujours été fans de «quialaplus grosse », si l’on peut dire. Et les plus jeunes s’intéressen­t plutôt à la pratique. À cette façon de faire. C’est assez fabuleux à observer. Assez facilement, on peut obtenir un potiron de deux cents kilos, ce qui est déjà une belle bête. En pleine croissance, on peut gagner jusqu’à vingt kilos par jour ! Sachant qu’un potiron, on le sème en avril pour le récolter début octobre.

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(DR) Liliane et sa récolte miraculeus­e. Des trophées à venir récupérer à Saorge : « On est deux, qu’est-ce que j’en fais ? »
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(Photo Frédéric Seiller)

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