«À Toulon, il n’y a que des balances » : un trafiquant de drogue condamné à cinq ans de prison
« Le cauchemar de tout enquêteur dans un dossier de stups, c’est d’entendre la chasse d’eau quand on arrive chez un suspect. » Les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) de Toulon qui ont bouclé cette affaire ne démentiraient pas la présidente du tribunal. Ce mercredi et ce jeudi, neuf prévenus – dont sept comparaissaient libres – ont défilé à la barre pour répondre de leur implication dans un trafic de cocaïne, à Toulon et à Hyères, entre 2018 et 2019. Tous ont reconnu au moins partiellement les faits. Ahmed Mecibah, 49 ans, est le personnage central de cette affaire initiée à la suite d’une dénonciation. « À Toulon, il n’y a que des balances. Je déteste cette ville, je n’y mettrai plus jamais les pieds. »
Le tribunal l’a condamné ce jeudi à cinq ans de prison et à une interdiction de paraître à Toulon et à Hyères, pendant trois ans.
D’importants moyens d’enquête
Les enquêteurs n’avaient pas lésiné sur les moyens pour confondre les protagonistes : interceptions téléphoniques, véhicules balisés, caméras et micros cachés… Un contrôle de la CRS autoroutière a même été avorté pour les besoins de l’enquête, tandis qu’un expert a été requis pour lire sur les lèvres de suspects attablés sur le port de Toulon.
On trouve parmi eux Gilles di Tosto, une figure du banditisme marseillais, mutique tout au long de la procédure. Quelque 700 grammes de cocaïne ont été saisis chez lui. Il a écopé sans broncher de quatre ans de prison. Sans avocat, ce quinqua avait simplement sollicité la restitution de son véhicule. « Rappelez-moi ce que vous faites dans la vie ? », l’a interrogé la présidente. « Rien. » Sa BMW X6 a été définitivement confisquée.
Quatre ans de prison, c’est la peine infligée aussi à Ichame Saïdi, éducateur sportif, et à Nordine Mecibah, agent d’entretien. L’un a été présenté comme un fournisseur, l‘autre comme un lieutenant de son frère aîné. Les autres mis en cause, clients-revendeurs, ont écopé de peines comprises entre deux ans avec sursis et trois ans ferme. Leurs avocats respectifs
(1) ont tâché de minimiser les rôles imputés aux uns et aux autres, et ont insisté sur les efforts de réinsertion de chacun. Le procureur avait requis jusqu’à sept ans de détention.
Me Clément Audran, aux intérêts d’Ahmed Mecibah, s’est notamment efforcé de « rendre à ce dossier sa vraie consistance » en s’appuyant sur les éléments retenus contre son client. « [On n’est pas sur des kilos] : 250 grammes sur six mois vendus à huit clients, et 100 grammes saisis en perquisition (...) C’est un trafic de quartier. » 1. Mes Oualab Bourekhoum, Morgan DaudéMaginot, Christophe Hernandez, FrançoisXavier Kozan, Émily Linol-Manzo,Véronique Lipari et Lola Luccioni.