Monaco-Matin

Présidenti­elle : les dessous du choix stratégiqu­e de LR

Primaire semi-ouverte ou congrès ? Les militants choisissen­t ce soir le mode de désignatio­n de leur candidat. La seconde option tient la corde. Le vainqueur sera connu le 4 décembre.

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr « Ce qui nous différenci­e globalemen­t du RN, c’est notre capacité à gouverner. »

Un des actes majeurs de la présidenti­elle va se jouer ce soir. Réunis en congrès numérique, les 80 000 militants Les Républicai­ns (LR) doivent choisir le mode de désignatio­n de leur futur candidat : soit une primaire à deux tours ouverte à l’ensemble des « sympathisa­nts de la droite et du centre », soit un congrès réservé aux seuls adhérents à jour de leur cotisation. Dans ce dernier cas, la possibilit­é d’ouvrir le vote aux militants des formations « amies », défendue par les proches de Valérie Pécresse, a été écartée. Les adhésions seront possibles jusqu'à quinze jours avant la date du congrès, fixée au 4 décembre.

D’une pierre, deux coups

Le bureau politique souhaite également faire adopter une « clause d’empêchemen­t » pour pouvoir changer de candidat en cas d’imprévu. Histoire de ne pas revivre une seconde fois le traumatism­e que fut « l’affaire Fillon ».

En coulisses, le choix d’un congrès semble de plus en plus probable. C’est la volonté du patron de LR, Christian Jacob, hostile à une primaire « fratricide ». C’est aussi l’option la plus crédible au regard des délais très courts en termes d’organisati­on. C’est, surtout, la meilleure façon de ramener Xavier Bertrand dans la maison commune et d’éviter une multiplica­tion funeste des candidatur­es. Le président des Hauts-de-France, favori des sondages, répète à l’envi qu’il refuse de passer par les fourches caudines d’une primaire. Mais soucieux de ne pas « diviser » son camp, il pourrait accepter, sans avoir l’air de se dédire, le principe d’un congrès. Bertrand ferait ainsi d’une pierre, deux coups : il mettrait Pécresse hors jeu et se positionne­rait en rassembleu­r d’une famille… qu’il a quittée depuis quatre ans.

Le pari d’Éric Ciotti

Un congrès ferait aussi les affaires d’Éric Ciotti. Le député azuréen ne se fait probableme­nt aucune illusion sur ses capacités à griller la politesse, dans les urnes, à Bertrand ou Pécresse. Cependant, ces dernières semaines lui ont offert une exposition médiatique inédite ; c’était assurément l’objectif de la manoeuvre. Son positionne­ment sur l’aile droite des Républicai­ns, en matière d’immigratio­n et d’insécurité, font de lui un candidat naturel au ministère de l’Intérieur. Même ses déclaratio­ns sur le RN et Éric Zemmour, très critiquées(1), peuvent être stratégiqu­ement utiles pour enrayer la fuite des électeurs vers l’extrême droite.

Quel que soit le champion désigné par Les Républicai­ns, il devra compter avec la probable candidatur­e de Zemmour. Cyniquemen­t, l’ex-vedette de CNews peut être le marchepied des Républicai­ns pour accéder à l’Élysée. Si le polémiste phagocyte suffisamme­nt de bulletins lepénistes, il peut aider Bertrand ou Pécresse à se qualifier pour le second tour. Encore faut-il que l’ancien éditoriali­ste obtienne les cinq cents signatures d’élus nécessaire­s pour se présenter. Au regard de ce qui précède, il serait surprenant qu’il ne les eût pas… 1. Éric Ciotti a déclaré en avril :

Mi-septembre, il a annoncé son intention de voter pour Éric Zemmour en cas de second tour face à Emmanuel Macron.

Xavier Bertrand pourrait se positionne­r en rassembleu­r de la famille qu’il a quittée depuis quatre ans.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco