Monaco-Matin

Monsieur Z

- d’ERIC NERI Rédacteur en chef edito@nicematin.fr

Décidément, Monsieur Z ne sait pas se tenir à table. Il met de l’eau de Vichy dans son bordeaux, refuse de goûter la moindre bouchée d’un mets épicé et assaisonne tous les plats avec du vinaigre.

Il a le verbe haut de celui qui est habitué à discourir devant les caméras. Il sait bien que l’outrance a plus d’impact que la nuance dans cette société hystérisée par les réseaux sociaux et qui se goinfre de débats sur les chaînes d’info.

Il a beau être un malotru, ses voisins de table lui prêtent l’oreille. L’attrait de la nouveauté et de la surenchère.

D’autres convives sont prêts à le chasser illico du restaurant et à fermer la porte à double tour. Comme on met un couvercle sur une casserole pour éviter que les effluves n’incommoden­t toute la maison. Casser le thermomètr­e n’a jamais permis de faire baisser la fièvre.

Eric Zemmour est le symptôme d’une société souffreteu­se. Bouleversé­e par la mondialisa­tion qui met à mal notre économie et par les migrations qui fragilisen­t nos racines. Ceux qui veulent se jeter dans ses bras, comme ils feraient un pacte avec le diable, méritent mieux que le mépris des bien-pensants. Tout en dénonçant les contre-vérités, il est temps d’écouter le malaise et surtout d’agir pour que, difficile équilibre, notre société continue d’être stimulée par l’air vivifiant du grand large tout en se protégeant des vents contraires.

Lourde tâche dans un monde devenu si complexe.

En , déjà, l’insoucianc­e n’était plus de mise. Quelques années plus tôt, les Trente Glorieuses avaient sombré sous les coups de boutoir des chocs pétroliers. Mais on prenait encore le parti d’en rire. Coluche lançait sa candidatur­e comme un canular. Les sondages le créditaien­t bientôt de  %. Jusqu’à ce que le fou du roi ne lâche la rampe de peur de se transforme­r en clown triste.

Qui se souvient de Monsieur X en  ? Sa candidatur­e était portée par l’hebdomadai­re L’Express avec une bonne dose de marketing à l’américaine. Il s’agissait de susciter l’envie, en ne dévoilant pas tout de suite le nom du candidat. Et en brossant son profil de « Kennedy à la française », capable de donner un coup de vieux au général de Gaulle, monarque républicai­n entré dans l’Histoire de son vivant, et de renouveler l’offre à gauche, alternativ­e à une SFIO à bout de souffle. Finalement, la candidatur­e de Monsieur X, le maire de Marseille Gaston Defferre, parti trop tôt, fit pschitt. Il laissera la place à François Mitterrand à la présidenti­elle de . Monsieur Z connaîtra-t-il le même destin que Monsieur X ? Après un démarrage en boulet de canon, comme un coureur de  mètres, sera-t-il capable de tenir la distance d’un  mètres steeple une fois que le soufflet médiatique sera retombé et que les slogans ne pourront plus tenir lieu de programme ? Et pourra-t-il franchir les barrières qui surgiront devant lui, les  signatures pour valider sa candidatur­e n’étant pas la moindre ?

Et si Monsieur Z n’était qu’un Zorro de télévision ?

« Il sait bien que l’outrance a beaucoup plus d’impact que la nuance dans cette société hystérisée par les réseaux sociaux. »

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