Tende : « l’âme du berger disparu » immortalisée
Pour le premier anniversaire de la catastrophe après le passage de la tempête Alex, la sculpture du berger Paul Giordano, oeuvre d’Elena di Giovanni, sera inaugurée début octobre.
Marquer le premier anniversaire de la tempête Alex. Se souvenir des 18 victimes, retrouvées mortes ou disparues. C’est dans ce double objectif que l’ordre national du Mérite et son président départemental François Jacquot ont lancé, en début d’année, un appel à projet international pour une oeuvre. Sept projets leur sont parvenus. Et c’est celui d’Elena di Giovanni, représentant Paul Giordano, emporté par la Roya en voulant mettre son troupeau à l’abri, qui a été retenu.
Depuis sept mois, à partir d’une seule photo de smartphone, la jeune artiste s’est lancée dans la représentation du berger, en binôme avec un sculpteur de Vallauris. Charles Cermolacce a réalisé le socle en schiste vert, une roche symboliquement choisie par Elena dans la carrière de la famille Cassini, fortement endommagée par la tempête à Saint-Dalmas-de-Tende.
« Tu vis à travers ce que tu crées... »
L’artiste s’est enfermée dans son atelier de Tourrette-Levens, oubliant les heures, les week-ends, la plage, les loisirs, les amis, ses repas de famille. Seule comptait la réalisation du plâtre de la statue : « J’ai surtout cherché à montrer le courage, la force et l’amour du berger pour ses animaux, prêt à les sauver quitte à mourir, tout en travaillant sur ses habits, son chapeau et les regards échangés avec l’agneau, dans ses bras, et la brebis. »
Avec pour seuls compagnons, son chat et une Bergeronnette qui venait taper à sa fenêtre tous les matins, Elena a travaillé jusqu’à la touche finale : « J’adore les challenges, je me suis investie dans ce projet. Tu vis avec ce que tu crées... »
La sculpture en plâtre terminée, c’est à Tourrettes-sur-Loup qu’Elena poursuit son travail à la fonderie « Le Bronze d’airain ».
« Mon coeur et mes tripes dans cette oeuvre »
La jeune sculpteuse de 28 ans, diplômée des Beaux-Arts à Tarbes, s’est impliquée au quotidien dans les différentes étapes, ciselure, assemblage, patine, n’hésitant pas à apporter des détails supplémentaires. «Ilyamon coeur et mes tripes dans cette oeuvre. »
Sous le regard d’Armand, le frère de Paul Giordano, berger lui aussi, elle a installé dans une émotion partagée le résultat de son travail, à Tende. Inauguration début octobre…
« L’âme du berger disparu est incarnée dans cette sculpture », souffle-t-elle
« C’est un honneur pour moi d’avoir participé à la création de ce lieu de recueillement pour les familles des victimes, cette oeuvre va en vivre des années et faire partie de l’histoire de la Roya. » Michel Gounaud, artiste-poète, ami de l’artiste, a écrit ces vers pour accompagner son oeuvre : « Le bon berger montre le chemin qui mène vers l’espoir d’un monde de raison qui aurait compris la leçon. Et se tendant la main, pour changer, non le cours des rivières, mais celui de l’espoir. »