« J’espère que la vallée va se relever »
Le Mouton Dort. C’était le nom de son petit hôtel 3 étoiles, perché sur les hauteurs de Saint-Dalmas-de-Tende, au calme. Depuis la tempête Alex, il dort d’un sommeil profond. Sans doute irréversible.
« L’hôtel n’est pas endommagé. Mais une grosse coulée de boue a créé une brèche de huit mètres ! Ça a tout emporté », soupire Julienne Schlesser Bongioanni. Saint-Dalmas, elle y est née voilà soixante-dix ans. Depuis un an, elle vit chez son frère, à la Brigue. L’hôtel est visé par un arrêté de péril. Elle l’a quitté précipitamment dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, avec son mari. « On s’est évacués tout seuls. » Depuis,
Julienne a perdu son mari, aussi. Le 1er décembre. « Il était malade. Il est mort d’une septicémie. Il tenait, mais quand il a vu qu’on se retrouvait seuls, désemparés, il a lâché prise… »
« Un héritage séculaire »
Même si 2020 ne l’a pas épargnée, Julienne « tient le coup. » Mais à l’instar des autres sinistrés rencontrés dans la Roya, elle voudrait savoir. Savoir combien va lui verser l’assurance. Savoir comment réécrire l’avenir.
« Toutes les expertises ont été faites. À présent, je suis en attente des indemnisations de l’assurance. C’est colossal ! » s’exclame Julienne. Quand d’autres fustigent les lenteurs administratives, elle loue « un grand soutien de la DDTM [Direction départementale des territoires et de la mer], des entreprises. Je trouve qu’ils ont été très rapides. » Reste à attendre le verdict de l’assurance. « Ensuite, ce sera le fonds Barnier. » Autrement dit, l’indemnisation avant destruction. Julienne Schlesser Bongioanni tient bon. Elle souhaite que sa Roya de coeur fasse de même. « J’espère que la vallée va se relever. Pour les gens qui y ont investi, pour ceux qui sont là. C’est un héritage séculaire, qui date de bien avant le Moyen Âge. Il ne faut pas l’oublier ! »
Julienne Schlesser Bongioanni (ici à Tende) a perdu l’hôtel de Saint-Dalmas-de-Tende qu’elle tenait avec son mari, décédé depuis. Pour l’heure, elle vit chez son frère à la Brigue.