Monaco-Matin

Michèle, des Champouns : « Mon camping, ma seule source de revenus »

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Les larmes affleurent au bord de ses yeux. Mais, cette fois, elle se retient. Plus forte, chaque jour qui passe. « J’en ai versé, des litres et des litres de larmes depuis la tempête, j’en ai passé, des nuits sans sommeil », dit Michèle, en essayant d’esquisser un sourire. La patronne du Domaine Les Champouns, sur la route de Venanson à Saint-MartinVésu­bie, parle de son histoire devant sa maison, « qui a tenu le coup ». Mais autour, son outil de travail est dévasté.

« Le matériel, on s’en remet, on relativise. Mais j’ai perdu mon petit-cousin dans la tempête, j’y pense tous les jours, je vois un psychologu­e et j’ai fait une thérapie EMDR [une thérapie par les mouvements des yeux, très utilisée chez les victimes d’attentat, Ndlr] ».

Son petit-cousin, c’est le pompier Loïc Millo, 31 ans, emporté par les eaux le soir d’Alex, avec son collègue Bruno Kohluber. « Comment on se remet de ça ? » lâche-telle. Michèle, petite dame

Au centre, derrière le chien, avec une fillette dans les bras, Michèle, la patronne du domaine Les Champouns, dévasté par Alex. Elle a reçu plusieurs fois de l’aide des bénévoles, comme ici lors des Week-ends solidaires, le  septembre.

pleine de ressources qui porte bien ses 67 printemps, tient à bout de bras, seule, Les Champouns, «sa seule source de revenus ».

Cet été, elle n’a pas eu de clients, à l’exception de deux familles « déjà venues et revenues par solidarité ». Dans la tempête Alex, elle a perdu deux chalets. Et la maison du bas avec ses 9 gîtes est bien trop endommagée pour accueillir des touristes. Michèle ne peut plus exploiter que deux locations audessus de son lieu de vie. « Heureuseme­nt que j’ai eu des bénévoles pour m’aider », soupire-t-elle, pleine de gratitude envers tous ceux qui sont venus lui prêter mainforte : « Les pompiers de Nice, des stagiaires pompiers de Carpentras, les équipes de Mathilde Bellee et Lucas Schmit. Et puis il y a eu les Week-ends solidaires en mai et une seconde fois le 18 septembre, une vraie armée de valeureux.

Dans le pire, il faut tirer le meilleur, et le meilleur, ce sont eux ». Un an après la tempête, Michèle ne regarde plus le ciel de son village comme avant. « Quand il pleut, j’ai les jambes qui tremblent toutes seules parfois ». Et lorsqu’elle ferme les yeux, elle revoit cette nuit d’horreur. Et les quatre jours qui ont suivi avant qu’elle soit hélitreuil­lée avec son chien et son chat.

« Je n’ai pas bénéficié des mêmes aides »

« Au départ, ils ne voulaient pas que je les prenne avec moi », confie-t-elle. « Je devais recevoir le lendemain 29 motards, alors j’avais de l’eau, de quoi manger et des bougies. Mais, j’étais tellement sidérée par ce qu’il se passait que je n’ai même pas réussi à craquer une allumette », murmure la sexagénair­e. Qui se bat aujourd’hui avec les assurances, les collectivi­tés. « L’assurance a refusé mes devis réalisés par des entreprise­s du coin. Ils m’ont fait venir des gens de Marseille, de Limoges. Et depuis ? Rien. Pas une date de début de travaux ». Quant au mur de soutènemen­t de son domaine, en contrebas de la route de Venanson, il est « à sa charge ». « La métropole me dit que c’est privé...» s’agace la patronne des Champouns. Quant au Départemen­t, « il a aidé les entreprise­s à monter les dossiers », convient-elle. Mais elle ajoute : « Moi, je n’ai pas d’outil de travail, pas de machines, ce n’est que du foncier, donc je n’ai pas bénéficié des mêmes aides ».

À sa charge, reste, selon elle, « 76 000 euros » pour remettre en état ce domaine qu’elle exploite depuis 21 ans, après ses parents. « Heureuseme­nt, j’ai aussi de l’aide du Secours populaire dans les démarches », conclut Michèle.

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