Monaco-Matin

La Verdière perd son unique médecin... antivax

Le praticien Denis Agret, égérie du mouvement antivax, avait rejoint la commune varoise début septembre. Mais refusant de se faire vacciner contre la Covid-19, il a choisi de « disparaîtr­e ».

- VINCENT WATTECAMPS

Un« one man show » sur fond de soleil couchant. Voici la dernière image que les habitants de La Verdière auront eue de leur médecin généralist­e Denis Agret. Mercredi soir, une réunion publique était organisée afin de présenter à la population le docteur qui avait rejoint la commune varoise début septembre. Micro en main et devant une centaine de personnes visiblemen­t acquise à sa cause, celui-ci a mis cinq minutes à dérouler son CV – honorable – puis a déployé pendant une grosse demi-heure ses arguments contre la politique gouverneme­ntale, le port du masque et la vaccinatio­n…

Le maire mis devant le fait accompli

Moins de 24 heures après, il annonçait dans une « lettre publique aux Verdiérois et Verdiérois­es, au peuple français » (sic) son intention de « disparaîtr­e ». Sans prendre la peine d’en avertir au préalable le maire Gilles Rongier – pourtant son employeur (lire notre édition du 14 septembre) ! « Ce sont les gendarmes qui m’ont prévenu que le cabinet était fermé » nous a indiqué l’édile, secoué.

Les militaires, inquiets par la tournure de cette lettre de deux pages, ont en effet cru un temps que Denis

Agret s’était donné la mort. Ils se sont donc rendus sur place et à son domicile. C’est finalement l’activité du docteur sur les réseaux sociaux qui leur prouvera que cette disparitio­n volontaire n’avait rien de tragique. Et que sa « présentati­on » n’était sans doute pour lui rien d’autre qu’une tribune… Denis Agret refusant fermement de se faire vacciner, la fermeture du centre de santé municipal de La Verdière n’était en effet qu’une question de jours. Depuis le 15 septembre et l’obligation faite à tous les personnels de santé d’avoir reçu à cette date au moins une dose de vaccin contre la Covid-19, l’Agence régionale de santé (ARS) avait demandé par deux fois au maire de La Verdière de suspendre son employé. Le maire avait pris la décision de s’y plier avant la fin de la semaine. Pris en étau entre la force de la loi et la rigueur des conviction­s du médecin.

Les vaccins

« sont dangereux »

« Ces vaccins sont très loin d’avoir prouvé leur non-innocuité, affirmait ainsi ce dernier, mercredi, au pied de la salle Fontvieill­e. Ils sont dangereux. Lors d’un essai clinique, quand il y a un mort, on arrête l’essai clinique. Depuis le début de la campagne de vaccinatio­n, il y a

Moins de  heures après avoir présenté à la population de La Verdière ses conviction­s « antivax », le médecin Denis Agret a quitté la commune. Sans même prévenir le maire.

eu plusieurs cas de décès. Je demande donc qu’on arrête les vaccins et qu’on puisse donner la vérité aux Français. »

Le seul contradict­eur qui a osé s’interroger à haute voix sur la tournure « politique » que prenait cette réunion de présentati­on n’a pas eu l’occasion de poursuivre. « Mais tout est politique ! » luiarétorq­ué la foule d’une seule voix. « Pour rassurer ceux qui sont vaccinés, comme c’est un essai clinique, il y a du placebo une fois sur deux » a poursuivi le médecin, sourire en coin.

À ses côtés, silencieux, le maire semble gêné aux entournure­s. « Les masques sont plus dangereux qu’autre chose, a continué le praticien. Ils ne protègent pas du virus. Mon plus grand souhait, c’est que demain, et pourquoi pas ici à l’école de La Verdière, vous autorisiez les enfants à y aller sans masques. » Applaudiss­ements. Rideau. Nuit noire.

Étranges adieux

Quand le soleil a de nouveau dardé ses rayons sur le château de La Verdière, une pancarte annonçait la fermeture du cabinet. Pour seule explicatio­n donc – le médecin est resté injoignabl­e depuis – cette « lettre publique » au ton aussi alarmant qu’amer. « Monsieur le maire a déjà reçu deux courriers de l’ARS lui enjoignant de me suspendre. En disparaiss­ant, je lui éviterai cette lourde tâche. »

Dans son étrange adieu à une commune où il n’aura pratiqué qu’une quinzaine de jours, Denis Agret alterne les appels à la paix – «Iln’y a rien d’autre à chercher que la paix, le calme, l’apaisement » –et les prédiction­s funestes – « les bons à rien (ou les mauvais “Arien”) seront affectés aux tâches subalterne­s, les bons gènes (les êtres “supérieurs”) pourront exercer des tâches fort bien rémunérées et de “dominants” ». Selon nos informatio­ns, il aurait quitté le départemen­t. À La Verdière, le désert médical a repris ses droits.

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(Photo P. H.)

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