Monaco-Matin

Une famille antiboise agressée, séquestrée et dévalisée à domicile

Fin 2019, un couple et leurs deux enfants avaient été violentés. Le principal agresseur a été condamné à 8 ans de prison.

- JEAN STIERLÉ

Ce sont des faits odieux et d’une grande brutalité ». C’est en ces termes que Laurie Duca, présidente du tribunal judiciaire de Grasse, à l’audience de mercredi dernier, qualifie l’agression et la séquestrat­ion à domicile d’une famille de quatre personnes, le 18 novembre 2019.

Des faits qui se sont soldés par l’interpella­tion et la condamnati­on des agresseurs et receleurs.

Vers 17 h 30, deux individus gantés et encagoulés, vêtus de noir, font irruption dans cette maison de l’impasse des Roses où vit une famille, installée là depuis plus de 15 ans. C’est d’abord la mère qui, entendant du bruit dans la chambre de son fils, n’a pas le temps de fermer la porte-fenêtre lorsqu’elle se fait repousser à l’intérieur par un colosse aux larges épaules et à la voix grave.

Attachés, frappés et gazés

C’est ainsi qu’elle le décrira à la barre de la juridictio­n. Son mari et ses enfants (âgés de 12 à 15 ans à l’époque des faits) sont présents eux aussi, pour témoigner et s’assurer « que la justice soit rendue ».

Ils font ainsi preuve d’un certain courage, pour affronter la présence dans le box des prévenus de Kévin Bachelet, 34 ans, natif d’Aubergenvi­lle (Yvelines), un grand gaillard d’un mètre quatreving­t-dix, le corps bodybuildé, la coiffure militaire, exposant ses tatouages ethniques sur ses bras musclés. Les uns après les autres, chacun des membres de la famille seront agressés à leur arrivée dans la maison. Ils seront attachés deux par deux à l’aide des colliers de serrage. Une brève bagarre opposera le mari qui rentre du travail. Il sera aspergé de gaz lacrymogèn­e, tandis qu’un des fils, de retour du collège, recevra un coup de gazeuse sur la tête.

Un casier à  mentions

Avec 32 mentions à son casier judiciaire, le prévenu, domicilié au boulevard de la Madeleine à Nice, se dit étranger à cette affaire. Et dans un cynisme assumé, il dit « comprendre l’épreuve pénible des victimes lors d’une telle agression ». Pourtant, un faisceau de preuves accablante­s le désigne comme « le meneur de l’expédition », avec l’aide de deux complices au moins. Bien renseignés, ils ont mis la main sur un des coffres de l’habitation contenant des montres de luxe, des bijoux de famille, du numéraire. Le préjudice est important, comprenant « surtout des souvenirs de ma mère et de ma grand-mère » déplorera la jeune femme.

Un scooter volé, une Renault

Clio incendiée à proximité du véhicule de Bachelet vu cette nuit-là, la fuite inopinée, coursés par la brigade anticrimin­alité (BAC) quelques jours auparavant à bord du deux-roues, avec un casque identique à celui retrouvé lors d’une perquisiti­on et des traces ADN sur les colliers d’entrave, des vidéos de caméras de surveillan­ce...

Des receleurs aux agresseurs

Le ministère public a la certitude d’avoir identifié «le principal meneur d’un enchaîneme­nt préparé, organisé, exécuté comme une opération préméditée. Avec en plus la reconnaiss­ance et l’identifica­tion formelle par l’un des enfants. »

La procureur Emilie Taligault requiert 8 ans de prison et de 12 à 18 mois pour deux receleurs, mêlés à cette affaire. Ils ont permis de remonter la piste du principal agresseur, notamment en tentant de vendre l’un le scooter, l’autre la montre réapparue dans le circuit des revendeurs de biens dérobés.

Il aura aussi désigné le vendeur non « sans craindre pour sa femme et ses enfants » comme étant celui présent dans le box. En défense, Me Audrey Vazzana attire l’attention des juges sur « la fragilité des témoignage­s, imposant de regarder ce dossier avec prudence ». Le tribunal condamnera Kévin Bachelet à 8 ans de prison avec maintien en détention, suivant les réquisitio­ns du procureur, tout comme pour les receleurs.

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