Monaco-Matin

La semaine vagabonde de Denis Carreaux

- Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Lundi

Marge d’erreur. Les Verts sont imprévisib­les. Tout l’inverse des sondages. Les premiers ont le chic pour nous surprendre. Les seconds pour se tromper. Pour eux, la primaire écolo était pliée d’avance. Au lendemain du premier tour, Yannick Jadot devance certes Sandrine Rousseau, mais d’un petit cheveu. Les sondeurs ne sauraienti­ls plus prendre le pouls du pays ? Possible. Mais l’explicatio­n est peut-être à chercher du côté des Français. Rejetant les schémas préétablis, se décidant au dernier moment, ils sont de plus en plus insaisissa­bles. Et donc insondable­s.

Mardi

Hidalgo très limite. Après avoir chassé les voitures puis imposé la limitation à  km/h dans la capitale, Anne Hidalgo veut abaisser la vitesse sur autoroute, estimant que «  km/h,

c’est trop ». L’unique argument de la maire de Paris, candidate à la présidenti­elle : « vitesse = accidents ».

C’est oublier un peu vite que l’autoroute demeure le moyen le plus sûr de se déplacer en voiture.

Après la bronca provoquée par l’instaurati­on du  km/h sur le réseau secondaire par Édouard Philippe, on imagine déjà la popularité de la propositio­n d’Hidalgo au-delà du périphériq­ue parisien. Pourquoi remettre une pièce dans la machine quelques mois après le choix d’Emmanuel Macron de rejeter la limitation à  km/h sur autoroute prônée par la Convention citoyenne pour le climat ? Quand on plafonne à  % dans les intentions de vote, il faut bien faire parler de soi.

Mercredi

La dette, quelle dette ? En moins de deux ans, la crise sanitaire a balayé des années de discours sur la maîtrise des dépenses.

Le « quoiqu’il en coûte » est devenu la règle, permettant, et on ne peut que s’en réjouir, de soutenir l’économie et d’éviter un déclin mortifère.

Or, au moment où les éléments de langage gouverneme­ntaux commençaie­nt à nous préparer à la fin de ce principe assumé par le chef de l’État, celui-ci dégaine le chéquier à tout-va. Marseille, Beauvau de la sécurité, plan de

rénovation énergétiqu­e, dépendance : les milliards pleuvent. Le même qui, dans son programme de , promettait  milliards de réductions de dépenses, laisse son gouverneme­nt présenter un budget dépourvu de mesure d’économie, allant jusqu’à provoquer le trouble du très policé Haut conseil des finances publiques. Que ce soit Emmanuel Macron ou un autre, le prochain Président devra passer à la caisse. Au moment où la dette atteint  % du PIB, comment redresser les finances sans augmenter les impôts, ce que personne ne prendra le risque de faire ? Mystère et boule de gomme. Une chose est sûre : les prochaines génération­s risquent fort de payer. Au propre comme au figuré.

Jeudi

Indigestio­n. Pas envie de commenter la partie de ping-pong des duettistes Mélenchon et Zemmour. Au moment de suivre le débat de BFM TV devant une assiette de tartare fadasse à la terrasse d’un café parisien, je frôle déjà l’indigestio­n. Zemmour à Toulon. Zemmour à Nice. Zemmour et les prénoms. Zemmour et les sous-marins. Zemmour en Une de Paris Match. Zemmour en peignoir. Zemmour en Hongrie. Stop ! Nous, les médias, en faisons trop. Zemmour, c’est (assez) nouveau, ça buzze et ça fait de l’audience. Tout ce que la presse, qui adore pourtant détester le polémiste, aime. Télés et journaux

ne sont pas les seuls à tourner en boucle. Les politiques croisés durant ma journée parisienne n’ont plus que son nom à la bouche. « Zemmour, c’est une boule de bowling lancée à pleine vitesse. On sait qu’elle va faire tomber beaucoup de quilles, mais on ignore encore lesquelles », s’inquiète un ténor des Républicai­ns. Du côté du gouverneme­nt, même chanson. « On se rend compte qu’il est dans toutes les conversati­ons, y compris dans le monde rural » ,noteun

ministre. La nouveauté, le fait de ne pas venir du système, ça attire encore beaucoup ». Macron , Zemmour , même combat ?

Vendredi

Merci Monsieur Eddy. Que ça fait du bien ! À  ans, Eddy Mitchell nous revient en pleine forme avec un nouveau titre, Un petit peu d’amour, lettre délicate adressée à son pote Johnny. À l’époque des chanteurs sans voix mangeurs de quinoa, Eddy détonne, et c’est tant mieux. Dans une belle interview au Parisien, il flingue à tout-va. Dégomme l’hommage à Johnny la semaine dernière à Paris. « Les spectateur­s payent, les artistes ne sont pas payés, et ça va soi-disant à une oeuvre caritative… ». Atomise Anne Hidalgo,

« notre drame de Paris ». Déboulonne la statue de Johnny édifiée devant

l’Accor Arena. « Une catastroph­e. De toute façon, je n’aime pas les places qui commémoren­t, et les statues, les pigeons chient dessus. »

Merci Monsieur Eddy.

Samedi

Longueur d’avance. En préférant ce soir le vote des adhérents en congrès plutôt que la primaire, les Républicai­ns ont avancé sur la méthode, mais devront attendre le  décembre avant d’aligner un candidat. Plus de deux mois, autant dire une éternité, qui laisseront le champ libre à Marine Le Pen, au candidat ou à la candidate des Verts, à Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et aux autres prétendant­s déclarés. Pendant ce temps, le Président pas encore candidat aura tout loisir d’avancer ses pions. En campagne sans l’être, Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à sortir du bois. « La date de l’annonce de sa candidatur­e dépendra à la fois de l’évolution de l’épidémie et de la dynamique de ses opposants », analyse un de ses proches. Il y a fort à parier que rien ne bougera avant le  janvier , date de son discours devant le Parlement à Strasbourg dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. « Qu’il soit encore en fonction à ce moment-là ne serait pas aberrant », observe avec malice un habitué de l’Élysée. Ne pas se presser, c’est pour Emmanuel Macron une façon de prendre une longueur d’avance.

« Zemmour à Toulon. Zemmour à Nice. Zemmour et les sous-marins. Zemmour en peignoir. Stop ! »

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