Monaco-Matin

Mandela en scène

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

La parole et le geste. Sur la scène de l’amphithéât­re de Châteauval­lon, les comédiens prennent possession de l’espace. Plus haut dans les fauteuils, le metteur en scène Xavier Marchand suit le mouvement. Corrige. Le geste et la parole. Le voisin marseillai­s – sa compagnie est installée depuis longtemps dans la cité phocéenne – a posé ses équipes dans le Var le temps d’achever Mandela, du veld à la présidence, une création en coproducti­on avec la scène nationale Châteauval­lon-Liberté.

Inscrit dans la continuité du travail réalisé pour Il était une fois Germaine Tillion dans les années 2010, Mandela veut dresser le portrait, donner corps en presque quatre heures, à celui qui allait devenir, entre autres, le premier président noir d’Afrique du Sud. D’après Un long chemin vers la Liberté et Conversati­on avec moimême, de Nelson Mandela, Xavier

Marchand et Olivia Burton ont conservé le principe de l’autobiogra­phie pour mettre en lumière les combats que Mandela et ses plus proches camarades de lutte ont dû mener. « A la lecture de ses livres, j’ai découvert ce que, je crois, la plupart des gens ne connaissen­t pas : c’està-dire que l’image que l’on a de ce personnage, qui a oeuvré pour que l’Afrique du Sud devienne cette nation Arc-en-ciel. Il a été un véritable combattant à tel point qu’à un moment, c’est lui qui a constaté qu’il fallait en passer par la lutte armée », raconte Xavier Marchand.

Le spectacle est articulé autour de quatre grands chapitres. « On a essayé de faire en sorte que chacun d’eux ait peu ou prou une forme différente, poursuit le metteur en scène. On reste dans le principe narratif avec, par moments, des personnifi­cations » portées par les comédiens qui, à tour de rôle, se glissent dans différents personnage­s.

Cet après-midi, l’équipe travaille le 4e et dernier chapitre du spectacle. Justement. « Parler avec l’ennemi » apparaît sur l’écran, ou comment aborder le dernier volet de la vie du prisonnier Mandela lorsque, isolé de ses frères de combat, il décida d’engager des discussion­s avec le pouvoir. Sur l’écran central, le titre cède la place aux images. Manifestat­ions, émeutes, Philippe De Clerk, président d’Afrique du Sud, annonçant la fin de l’apartheid.

Tout n’est pas calé. On réfléchit aussi à la mise en lumière. Dans ce huis clos, l’image d’histoire cherche

Pourquoi s’attaquer à une personnali­té qui touche autant la culture universell­e ?

Je m’intéresse beaucoup aux gens qui ont passé une bonne part de leur vie à défendre un engagement, à lutter contre le système. C’est ce qui m’avait guidé pour me consacrer à Germaine Tillion. Un peu elle aussi sa place, dans son rapport au texte des récitants. « D’autant plus que ce n’est pas du tout un texte pour le théâtre. Ça m’amuse toujours de me livrer à cet exercice », sourit Xavier Marchand.

Dans le rôle de la journalist­e – qui s’appuie sur le personnage qui recueillit le témoignage de Mandela – Odile Darbelley cherche ses marques.

À deux pas, Daddy Kamono, Lazare Minoungou et Valentin Rotilio, dans les rôles de Mandela et ses principaux compagnons d’armes, Ahmed Kathrada et Walter Sisulu, interagiss­ent en racontant la détention à Robben Island, l’isolement de Mandela, sa réflexion. Jeu de regards, mouvement posé. Tout est réfléchi pour conforter le choix des mots. Leur poids dans l’Histoire. par hasard, je suis tombé sur les livres de Mandela, et comme tout le monde j’avais des images en tête… Mais en lisant, je me suis demandé comment le plus vieux prisonnier politique du monde en était arrivé là. Je voulais donner une image plus juste de son parcours.

Germaine Tillion appartient moins à la culture universell­e que Mandela. Est-ce que cela complique le travail ?

Nous avons tous une méconnaiss­ance du

L’épilogue ? « On y réfléchit encore, car de nombreuses voix s’élèvent en Afrique du Sud pour dénoncer le bilan de Mandela. Le pays reste l’un des plus inégalitai­res du monde, et parmi les plus dangereux du fait de ce stigmate » ,ne cache pas Xavier Marchand. Sa création évoluera sans aucun doute jusqu’à la première. Et même au-delà car « C’est un tel enjeu. C’est un peu prétentieu­x je sais, que de présenter un spectacle aussi long », ajoute avec humilité pourtant, le metteur en scène. Mais c’est aussi le formidable intérêt de cette épopée.

Mandela, du veld à la présidence mis en scène par Xavier Marchand. Les 1er et 2 octobre à châteauval­lon. Durée : 3 h 45. À partir de 16 ans. Tarifs : 29 euros.

Répétition ouverte lundi 27 septembre à 17 h. reservatio­n@chateauval­lon.com

Rens. 09 800 840 40 ou 04 94 22 74 00. personnage. Je suis passionné par une émission de France Culture : Tout une vie. J’aime beaucoup quand les gens racontent ce qui les a menés à ce qu’ils sont aujourd’hui. C’est une partie de la réponse que je pourrais vous donner : tâcher de trouver des lumières sur le parcours de cet homme et sur l’histoire que cela a engendrée. Et puis, il est peutêtre bon de rappeler combien des gens se sont engagés dans une cause, pour défendre la liberté, l’égalité, etc.

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