Monaco-Matin

Des élections sous tension

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Le rapport de l’AFA tombe au pire moment : en pleine élection consulaire. Les candidats à la présidence de la CCI ont jusqu’à la fin du mois pour déposer leurs listes. En général, ce scrutin ne laisse guère de place au suspens. « C’est simple, 100 % des élus de la chambre sont aussi adhérents de l’UPE », résume l’un d’eux. L’Union pour l’entreprise, le puissant syndicat des patrons qui truste à lui seul les deux tiers des adhésions dans le départemen­t, « c’est un peu la même chose qu’un parti en politique », explique un salarié de la CCI. «Le parti organise sa primaire en amont et le candidat désigné pour la présidence de la chambre a toutes les chances de l’emporter ».

« Salade niçoise un peu aigre »

Le candidat désigné en mai dernier, c’était Fabien Paul, l’ancien président du tribunal de commerce de Nice. Mais ça, c’était avant qu’il ne se fasse happer par l’affaire du Negresco. Fabien Paul s’est retrouvé convoqué par les enquêteurs qui instruisen­t ce dossier et… placé en garde à vue. L’ancien magistrat est ressorti libre de son audition sans être mis en examen. «Mais le mal était fait », estime un de ses partisans. « L’UPE a convoqué un bureau le lendemain même, estimant qu’il n’était pas éthiquemen­t concevable de maintenir sa candidatur­e. Ceux-là mêmes qui aujourd’hui sont épinglés par l’agence anticorrup­tion », ironise-t-il. Toujours est-il qu’après la défection de son candidat, l’UPE a dû en trouver un autre. Le syndicat des patrons a choisi de renouveler le sortant, Jean-Pierre Savarino, qui était prêt à briguer un second mandat. « Même si ce n’est guère l’usage à la CCI », confie un élu. Le voici à son tour dans la tourmente. Le président sortant n’entend pas pour autant jeter l’éponge. Mais cette fois, les jeux électoraux pourraient être plus compliqués. Car il n’est plus seul sur les rangs. Daniel Sfecci, propriétai­re d’une entreprise d’éclairage public, s’est lui aussi lancé dans la course.

« Jusqu’à présent, on me traitait de candidat dissident. Désormais, je suis le candidat libre, c’est plus agréable à entendre », reconnait-il. Ce rapport de l’Agence anticorrup­tion pourrait bien être une aubaine pour lui. Pourtant, Daniel Sfecci n’entend pas le commenter : « À chacun d’en faire sa lecture ». Il constate simplement que « sur les 38 points soulevés par l’audit, la moitié au moins sont torrides ». Mais pour lui, c’est surtout l’image de ce territoire économique et de la chambre qui risquent d’en pâtir. « On me téléphone déjà de Paris pour me parler de cette nouvelle salade niçoise un peu aigre. » C’est d’autant plus dommage que ce territoire, avec ses 100 000 entreprise­s, ne manque pas d’atouts selon lui.

Reste à savoir qui le représente­ra demain.

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(DR) Daniel Sfecci, candidat « dissident » à la présidence de la CCI.

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