Un fonctionnaire peut en cacher d’autres
Dire qu’aucune voix ne s’est élevée contre certaines pratiques serait faux.
Les rapporteurs de l’Agence française anticorruption le soulignent. Sur l’ensemble des procès-verbaux de la commission de prévention des conflits d’intérêts, ils ont constaté que «seulunavis favorable n’a pas été voté à l’unanimité et a fait l’objet d’une voix contre ».
Ce vote concernait « le contrat de sous-traitance de 662 298 euros HT avec la société Tama, appartenant à un élu de la CCI, également président de l’UPE 06 » sur le chantier de la digue du Vieux-Port de Cannes.
« Il a fini par claquer la porte »
Il y a donc bien eu une opposition en interne, mais elle n’émanait pas des élus de la CCI siégeant au sein de cette commission. La voix « contre » était celle de la « personne qualifiée », un intervenant extérieur choisi justement pour sa connaissance des règles en vigueur. En l’occurrence il s’agit d’un ancien fonctionnaire préfectoral, l’exsecrétaire général de la souspréfecture de Grasse. «Ilaurait, en fait, tenté d’expliquer que les choses ne pouvaient pas se passer comme ça, croit savoir un élu de la CCI. Mais en voyant que ses remarques n’étaient même pas portées aux procès-verbaux des comptes rendus de réunions, il a fini par claquer la porte… » L’ancien fonctionnaire, qui a depuis quitté la Côte d’Azur, se borne à confirmer qu’il a bien démissionné mais, «astreint à la plus stricte neutralité », il refuse d’en dire plus. Toujours est-il qu’il a été remplacé, comme en atteste une délibération de l’assemblée générale de la CCI, le 9 mars 2019… quelques semaines seulement avant que d’autres fonctionnaires, toujours en poste ceux-là, ne débarquent de Paris pour auditer la chambre azuréenne. Les contrôleurs ont en effet reçu leur lettre de mission du directeur de l’AFA le 11 juillet 2019.