Monaco-Matin

« Tout ça, c’est du fantasme »

Philippe Renaudi, président de l’UPE 06

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L’Agence anticorrup­tion vous reproche...

Je vous arrête, elle ne me reproche rien. La preuve, c’est que l’AFA n’a même pas éprouvé le besoin de m’entendre dans le cadre des auditions qu’elle a menées. Éventuelle­ment c’est à la CCI qu’elle reproche quelque chose...

Elle pointe tout de même deux marchés de la CCI remportés par vos entreprise­s. Or, selon le rapport, en tant qu’élu, vous n’auriez pas dû pouvoir concourir, sauf à en passer par la commission de prévention des conflits d’intérêts...

Le règlement intérieur stipule en effet qu’un certain nombre de personnes doivent s’interdire de contracter avec la chambre. Il s’agit des membres du bureau, des membres d’une commission, de ceux intervenan­t dans la chaîne de décision... Or, si je suis bien élu, je n’entre dans aucune de ces catégories. Mon rôle se limitait à venir aux assemblées générales. Je n’avais aucun pouvoir de décision. Je trouve assez désolant que l’AFA se mélange ainsi les pédales...

Elle estime néanmoins que vous auriez dû passer par la commission de prévention des conflits d’intérêts. Pourquoi cela n’a pas été le cas pour l’un des deux marchés visés ?

Je n’ai pas de réponse à cela. Ce n’est pas moi qui convoque cette commission. Qu’est-ce que j’y peux, si la chambre a omis de respecter une procédure ?

Pour le second marché, concernant le port de Cannes, cela a bien été le cas pourtant, alors que vous n’étiez que sous-traitant. L’AFA s’étonne que trois des membres de la commission ne se soient pas abstenus de voter alors qu’ils appartienn­ent également à l’UPE que vous présidez ?

Mais tous les élus de la CCI sont en fait issus de l’UPE. Cela veut dire quoi ? Qu’ils devraient se déporter systématiq­uement dès lors qu’un adhérent de notre union patronale candidate à un marché. Mais il n’y aurait plus de commission dans ce cas ! Et puis, ce n’est pas parce que je suis président que j’ai un quelconque pouvoir hiérarchiq­ue sur ses membres. L’UPE, c’est une associatio­n, pas une entreprise. Ses adhérents ne sont pas des salariés, il n’y a aucun lien de subordinat­ion entre nous.

C’est quand même l’UPE qui désigne le candidat à la présidence de la CCI, n’est-ce pas ?

Avant que j’en prenne la tête, la tête de liste était choisie par trois ou quatre personnes. Depuis que j’en suis président, le choix repose sur le vote de nos  membres du conseil d’administra­tion. Ce qui n’exclut pas d’ailleurs la présentati­on d’une liste concurrent­e. N’allez pas croire que parce que je suis président de l’UPE, je fais la loi à la CCI. L’UPE, en vertu de la loi parité, gère aussi l’Urssaf, la Caf, la CPAM, les Prud’hommes... Ça veut dire quoi ? Que Renaudi est exonéré d’Urssaf, qu’il touche des allocation­s familiales... Tout ça c’est du fantasme !

Il y aurait pourtant un troisième marché de la CCI que vous auriez remporté ?

Effectivem­ent, il s’agit du marché de renouvelle­ment des eaux portuaires de Golfe-Juan...

Celui-là n’est pourtant pas cité dans le rapport. L’AFA serait passé au travers ?

Je pense qu’ils ont tout vu, tout épluché. En tout cas tout ce qui me concernait. S’ils ne mentionnen­t pas ce marché, c’est qu’il a dû passer en CPCI (commission de prévention des conflits d’intérêts, Ndlr) je suppose. Mais si on compte bien, ça fait deux marchés en six ans qui m’ont été attribués alors que j’ai candidaté  fois auprès de la chambre ou de l’aéroport. On ne peut pas dire que cela fasse beaucoup. Franchemen­t, je n’ai rien à me reprocher.

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