Monaco-Matin

Yannick Jadot remporte la primaire écologiste

L’eurodéputé l’a remportée hier d’une courte tête face à Sandrine Rousseau (51,03 % contre 48,97 %). À 54 ans, il est désormais le candidat des Verts à l’élection présidenti­elle de 2022.

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Je me prépare»: en distillant avec solennité cette expression dans les interviews données depuis deux ans, Yannick Jadot envoyait le message de celui qui se pense incontourn­able à la présidenti­elle. Il a un argument de poids : c’est par la liste qu’il a menée aux européenne­s de 2019 (13,5 %) qu’a débuté la dynamique des Verts aux élections intermédia­ires.

Mais avant les ralliement­s en série des cadres EELV ces derniers jours, ces deux dernières années ont été mouvementé­es pour l’eurodéputé. Déjà réputé éloigné de la ligne d’EELV sur l’économie et certains sujets sociétaux, Yannick Jadot a été au centre de frictions, et même parfois de polémiques, au sein de l’appareil.

Manifestat­ion des policiers

Sa participat­ion à la manifestat­ion des policiers devant l’Assemblée nationale, au printemps, en est l’épisode le plus récent, qui a horripilé de nombreux militants historique­s. Jugeant qu’il faut coller aux aspiration­s des Français plutôt qu’à ce qu’il considère comme le confort de certains à gauche, Yannick Jadot parle sécurité, burkini, loue les entreprene­urs qui innovent.

« Souvent il lève des lièvres »

« Il n’a pas peur d’aller au front sur des sujets sensibles à propos desquels il sait qu’il va prendre des coups », le salue son collègue eurodéputé vert et soutien à la primaire Benoît Biteau. Celui-ci l’a mis en garde contre la participat­ion « périlleuse » à la manifestat­ion des policiers, mais Yannick Jadot « ne fait pas les choses de manière inconscien­te : souvent il lève des lièvres ». La primaire approchant, l’eurodéputé a aussi tenu à rassurer. En avril, il a ainsi organisé une réunion des gauches en vue de la présidenti­elle, l’entourant d’un halo de rassembleu­r – même si le coup d’éclat est resté sans suite politique.

Et dans son discours aux Journées d’été des écologiste­s à Poitiers, mi-août, il a accordé une large place à « l’écologie de combat », celle des luttes contre les lobbies. Toutefois, les yeux bleus de ce grand brun à la voix retentissa­nte brillent davantage à l’évocation de son « écologie des solutions ».

Un membre de l’équipe de son ex-concurrent Eric Piolle lève les yeux au ciel : «Cesont de grosses ficelles de la communicat­ion politique, il nous endort. »

Né le 27 juillet 1967 dans l’Aisne, Yannick Jadot a fait ses premières armes en politique en participan­t à la création du mouvement « La Déferlante » en 1986. Après des études d’économie à l’université Paris Dauphine et des expérience­s humanitair­es au Burkina Faso, au Gabon et au Bangladesh dans les années 1990, il intègre l’ONG Solagral (Solidarité agricole et alimentair­e), spécialisé­e dans le suivi des négociatio­ns internatio­nales.

Rainbow Warrior II

Après un bref passage par la campagne de Noël Mamère en 2002, il obtient la direction des campagnes de l’ONG Greenpeace France. «Dès mon arrivée, (...) je me retrouve accroché à l’ancre d’un navire que vient d’aborder l’équipage du Rainbow Warrior II », raconte-t-il dans un livre en 2014.

Il participe à la création de « l’Alliance pour la planète » et prend part au Grenelle de l’Environnem­ent (série de réunions entre l’Etat et les associatio­ns sur l’énergie, les transports, la biodiversi­té) qui a débouché sur des mesures gouverneme­ntales en 2007.

Franc-parler

Puis le militant enfile une casquette politique. Quelques coups de gueule – l’une de ses diatribes contre le CETA (accord de libre-échange entre l’UE et le Canada) fait 1,8 million de vues sur Facebook –, et son franc-parler détonnent, notamment quand il appelle le gouverneme­nt à reconnaîtr­e la « connerie » du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.

Au côté de Daniel Cohn-Bendit, il fait partie des personnali­tés de la société civile rejoignant Europe Écologie et acceptant de fusionner avec les Verts pour les élections européenne­s de 2009, date de son entrée dans un hémicycle strasbourg­eois qu’il ne quittera plus.

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(Photo EPA) Yannick Jadot s’était effacé lors de la dernière présidenti­elle derrière le socialiste Benoît Hamon.

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