Des Verts à maturité ?
« Malédiction » cassée. Le favori, cette fois, passe au vert. Yannick Jadot, l’homme de « l’écologie de gouvernement », en remportant hier la primaire d’Europe Écologie-Les Verts, a mis fin à la loi des séries qui a régulièrement frappé le vote interne du parti. Il en sait d’ailleurs quelque chose, lui qui avait joué les trouble-fêtes face à une Cécile Duflot largement favorite en . En , c’est l’archi populaire Nicolas Hulot qui était touché par ce même sort, Eva Joly enlevant la mise. Sans parler du « psychodrame » Noël Mamère / Alain Lipietz, en (). Gagnant mais pas vraiment grand vainqueur avec un score dépassant à peine les %, Jadot va devoir composer avec une frange beaucoup moins consensuelle que ne l’est son discours au sein de la maison verte. Car les petits ruisseaux font les grandes rivières et, tel un long fleuve tranquille, Sandrine Rousseau a elle aussi su nager en eau claire lors de cette primaire en implantant son intransigeance. Quasi inconnue du grand public il y a quelques mois à peine, l’universitaire a su imposer une vision. Sa radicalité entièrement assumée, son positionnement écoféministe, son « wokisme » revendiqué l’ont porté jusqu’à ce deuxième tour à la finalité très serrée. Face à ce « désir d’écologie d’action », le candidat Jadot devra-t-il muscler vertement son jeu ? Ou choisira-t-il au contraire d’aller jouer dans le jardin d’Anne Hidalgo ? Philosophiquement plus proche de la socialiste, lui qui a longtemps cherché à faire l’union à gauche pourrait-il retenter la carte du rassemblement avec un PS pour l’heure au ras des pâquerettes dans les intentions de vote ? Ces questions ne devraient pas manquer de se poser à l’un comme à l’autre.
Reste qu’en ayant fait le choix de porter dans cette campagne présidentielle un candidat considéré comme modéré et « présidentiable », les sympathisants d’EELV démontrent que, cette fois, l’objectif se veut clairement de hisser leurs idées au sommet du pouvoir. Preuve que les Verts sont, aujourd’hui, arrivés à maturité ?
« Gagnant mais pas vraiment grand vainqueur avec un score dépassant à peine les 51 % »
1. Vainqueur de la primaire, Alain Lipietz est mis en minorité à la suite d’un discours controversé (sur l’amnistie des nationalistes corses) lors d’un référendum interne. Noël Mamère sera finalement le candidat des Verts.