Monaco-Matin

Éric Zemmour, nouvelle ligne de fracture pour LR

Christian Jacob a exclu le polémiste du processus d’investitur­e des Républicai­ns. Cette décision n’occulte pas le malaise suscité par l’ex-star de CNews, apprécié par 32 % des sympathisa­nts.

- LIONEL PAOLI Lpaoli@nicematin.fr

Éric Zemmour est dans son couloir, ce n’est pas le mien. Au fur et à mesure qu’il s’exprime, on partage de moins en moins de choses avec lui. Ses propos deviennent inquiétant­s. [...] On l’a toujours dit, il n’est pas de notre famille politique. »

Ces mots, tranchants et définitifs, ont été prononcés hier matin par Christian Jacob. Le même qui, la veille, ménageait le polémiste – ou plutôt son électorat – en affirmant que l’ex-star de CNews « n’est pas raciste ni d’extrême droite ». En excluant Zemmour du processus de désignatio­n du candidat LR, à l’issue du comité stratégiqu­e du parti, le patron des Républicai­ns s’est efforcé de sortir du piège dans lequel sa formation s’est engluée, divisée sur l’attitude à adopter vis-à-vis du trublion.

Une partie des cadres LR trouve l’éditoriali­ste fréquentab­le. C’est le cas de Laurent Wauquiez qui, en janvier 2019, l’accueillai­t à bras ouverts au siège des Républicai­ns : « Eric est ici chez lui ! »

C’est aussi la position de François-Xavier Bellamy. Lundi, l’eurodéputé ne voyait pas ce qui « empêcherai­t » Zemmour de faire acte de candidatur­e au congrès LR. Le député azuréen Éric Ciotti estime, de son côté, que l’essayiste « dresse un constat [sur l’immigratio­n trop massive] que partagent beaucoup de Français ». Et le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Luca, twitte sans état d’âme que « les LR qui veulent mettre [Zemmour] à l’extrême droite feraient bien de relire les textes de Chirac, Juppé, Pons, Seguin et Pasqua du temps du RPR entre 1977 et 1995. Ça les instruira. »

« On est arrivé à un niveau de délire... »

Des propos en droite ligne avec ceux du polémiste luimême qui affirmait, dimanche, s’adresser « aux orphelins du RPR ». Et un tacle en forme de réponse à Jean-François Copé. L’ancien président de l’UMP défendait, lundi sur Franceinfo, un tout autre point de vue : « Quand vous écoutez Éric Zemmour, vous retrouvez l’extrême droite de Charles Maurras. [...] On est arrivé à un niveau de délire qui, dans [...] l’absence d’indignatio­n, la banalisati­on, [...] commence à peser lourdement. »

Et d’enfoncer le clou : «Çafait vingt ans qu’on tient bon avec Le Pen, je voudrais bien savoir pourquoi, tout d’un coup, on lâcherait avec Zemmour qui reprend exactement le même fil conducteur. »

La prise de distance de Christian Jacob, hier matin, peut laisser penser que l’argument a porté. Cela alors qu’un sondage Odoxa Dentsu consulting pour Public Sénat, LCP et la presse régionale révélait hier qu’Éric Zemmour suscite l’adhésion de 32 % des sympathisa­nts de droite.

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