Le combattant a rendu les armes
Bernard Tapie est mort hier à 78 ans du cancer dont il souffrait depuis quatre ans. Il laisse le souvenir d’une vie hors normes, jalonnée de très hauts et de très bas, et d’une énergie inépuisable.
Il a longtemps cru que cette fois encore, comme toujours ou presque, il arriverait à avoir le dessus. « Je vais te niquer, le crabe ! », répétait-il chaque matin, apprenait-on dans le documentaire que lui consacrait, il y a quelques jours à peine, la chaîne C8. Mais son dernier combat, face au plus redoutable des adversaires : la maladie, a finalement eu raison de lui. Bernard Tapie est mort hier matin du cancer qui le rongeait depuis quatre ans, ont annoncé nos confrères de La Provence.
« Il est parti paisiblement, entouré de sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et son frère, présents à son chevet » à son domicile parisien, l’hôtel particulier de la rue des Saints-Pères, a indiqué sa famille. Qui a aussi fait savoir qu’il serait inhumé à Marseille, « sa ville de coeur ». Marseille, où des dizaines de supporters se sont réunis pour se recueillir, dans un hommage spontané devant le portrait en noir et blanc que l’OM a posé devant le Vélodrome à l’annonce du décès. Marseille, qui s’apprête à lui rendre un hommage exceptionnel (lire page ci-contre).
Combativité sans faille
Personnage hors normes, force de la nature, homme aux mille vies – il fut tour à tour pilote de Formule 3, chanteur, entrepreneur, président de l’Olympique de Marseille, ministre, acteur et patron de presse –, il continuait à 78 ans à fasciner et diviser profondément, par ses succès aussi retentissants que ses échecs – et son incroyable capacité à rebondir qui lui permettait de passer des uns aux autres –, ses méthodes ne s’embarrassant pas de scrupules, son sens de la repartie alternativement charmeuse et menaçante. Mais un point mettait tout le monde d’accord : sa combativité sans faille, jamais démentie.
Le président de la République, Emmanuel Macron et son épouse Brigitte, ont d’ailleurs salué hier « l’ambition, l’énergie et l’enthousiasme [qui] furent une source d’inspiration pour des générations de Français ».
La fin des poursuites pénales
Né le 26 janvier 1943 à Paris dans une famille d’origine modeste, il avait atteint le sommet de la gloire et du succès dans les années 1980, avant d’entamer une longue descente aux enfers et de connaître une fin de vie rythmée par la maladie et les soucis judiciaires.
La cour d’appel de Paris doit d’ailleurs rendre sa décision mercredi dans la tentaculaire affaire de l’arbitrage du Crédit lyonnais. Mais sa mort va, évidemment, entraîner la fin des poursuites pénales à son encontre – mais pas contre ses coprévenus, ni la fin des procédures civiles.
Malgré sa disparition, celui qui multiplia aussi les surnoms – « Nanard », « le Boss »… – occupera sans doute longtemps une place à part dans la mémoire des Français. Comme disait sa mythique marionnette des Guignols de l’info : « Salut bonhomme ! »