Monaco-Matin

Histoire de foot ! Une sale affaire

- PH.C.

L’affaire VA-OM, c’est l’histoire d’un autre match. Celui qui oppose Bernard Tapie à Éric de Montgolfie­r. Le président de l’OM contre le procureur de la République de Valencienn­es. Le feu contre la glace. L’argent contre la justice. Le puissant contre le défenseur des petits. Le prince de l’argot contre l’aristo. Un duel épique. Une autre époque. L’affaire éclate au soir de Valencienn­es-Marseille, le  mai . C’est-à-dire quatre jours avant le plus grand rendez-vous de l’histoire de l’OM : la finale de la Ligue des champions face au Milan AC à Munich. A la mi-temps, Jacques Glassmann, défenseur valencienn­ois, porte réclamatio­n auprès des arbitres : « Ce match est truqué ! Il y a parmi nous des joueurs corrompus ». Le scandale est en marche.

La suite est un roman policier, un film d’action, un délire organisé. Bref, une folie pure. L’OM gagne la rencontre (-) et la Coupe aux grandes oreilles. Mais le club marseillai­s perdra beaucoup plus. L’affaire VA-OM, c’est deux ripoux (Robert, Burruchaga), un chevalier blanc qui passe pour une balance (Glassmann), une femme dans la tourmente (Madame Robert), un intermédia­ire embastillé (Eydelie), un bras droit meurtri (Bernès), une enveloppe enterrée dans un jardin (avec   francs à l’intérieur), un entraîneur intimidé (Primorac), un alibi en bois (Mellick), un président hors sujet (Mitterrand), un juge fonceur (Beffy), un procureur frondeur (de Montgolfie­r) et l’ombre écrasante d’un commandita­ire qui finira écrasé (Tapie). C’est le bazar, pauvre Bernard ! La France tient son feuilleton de l’été. La presse se déchaîne. Chaque jour apporte son lot de révélation­s. Du côté de Monaco, cette histoire à tiroirs n’étonne pas grand monde. Arsène Wenger ou Manu Petit ont maintes fois évoqué des matchs suspects, des joueurs achetés, des rumeurs nauséabond­es. Mais le petit monde du football se bouchait le nez et les oreilles. Cette fois, le piège s’est refermé sur les (ir)responsabl­es. Tapie fait le show. Il attaque, se défend, contre-attaque. Il occupe le terrain. Il charge. Recule. Tombe. Se relève. Evoque la théorie du complot. En face, la machine judiciaire broie toutes ses tactiques. Il dira un jour de lassitude : « C’est une chasse organisée avec un seul objectif : tuer Tapie ! » Réponse du procureur :

« Je ne suis pas un collection­neur de peau de bête. » Deux ans après les faits, le procès VA-OM s’ouvre au tribunal de Valencienn­es. Dès le premier jour, Jean-Pierre Bernès lâche une bombe. Il lâche surtout son boss : « Je ne suis que l’instrument de la corruption. L’ordre vient de Tapie. » C’est fini. Le toujours président de l’OM a perdu. Il est KO. Il prend deux ans de prison dont un an ferme. Une peine réduite à  mois après l’appel. Il passera  jours derrière les barreaux. « Tapie n’aurait pas dû aller en prison. Il n’a payé qu’une chose : avoir été un ancien ministre. Il aurait dû être exemplaire. Ce ne fut pas le cas. », conclut Éric de Montgolfie­r. L’affaire laissera un club en miettes et un homme en morceaux.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco