Monaco-Matin

« Je lui avais proposé un rôle dans “L’aventure, c’est l’aventure” »

Claude Lelouch, qui l’avait dirigé dans son film Hommes, femmes, mode d’emploi en 1996, était un ami proche de Bernard Tapie. Le cinéaste, très ému, nous confie quelques-uns de ses souvenirs.

- ALAIN GRASSET

Le réalisateu­r Claude Lelouch a partagé cinquante ans de souvenirs avec Bernard Tapie.

J «’ai vu Bernard dimanche dernier chez lui rue des Saints-Pères », confie Claude Lelouch. « Nous sommes allés l’embrasser avec Gérard Darmon. Il était encore très lucide et optimiste, mais nous étions conscients que c’était la fin. Lui y croyait encore. Bernard pensait qu’un miracle de plus aurait lieu. Il nous a fait un numéro de voix. “Tu vois, ma voix revient ! Donc, si on doit tourner, ça ira !”. Bernard devait avoir un rôle dans la deuxième partie de ma trilogie [L’amour, c’est mieux que la vie qui sortira en salles au début 2022, Ndlr]. »

« Il me disait : “Tu m’as sauvé la vie !” »

Tapie et Lelouch, c’est une longue histoire. « Je l’ai connu il y a près de cinquante ans alors qu’il débutait en tout. Il voulait louer le Club 13, ma salle de cinéma, pour ses affaires. J’ai accepté. La première fois que je l’ai vu, il vendait des cartes aux gens qu’il avait réunis là, en leur offrant des ristournes sur tout ce qu’ils achetaient, selon le principe de la centrale d’achat. Il était très fort et ça marchait. »

« À l’époque, je préparais le tournage de L’Aventure, c’est l’aventure, et je lui ai proposé le rôle d’un des cinq voyous, celui d’Aldo Maccione. Comme il était déjà très pris, il ne pouvait pas se dégager huit semaines d’affilée pour tourner. Il a donc refusé le film. » Depuis, le réalisateu­r et l’homme d’affaires ne se sont plus quittés. « Quand je suis venu le chercher pour faire Hommes, femmes, mode d’emploi, Bernard était au fond du trou, avec la France entière contre lui. Souvent, il me disait : “Tu m’as sauvé la vie !” »

Plus fort que Luchini !

Aux yeux de Claude Lelouch, Bernard Tapie était un acteur brillantis­sime. « Un surdoué ! Pour tenir tête à Fabrice Luchini, il faut être très fort. D’ailleurs, Bernard a été meilleur que lui. C’était impression­nant. Il a appris son métier d’acteur en 24 heures ! Dans la vie, c’était un père formidable, un mari exceptionn­el auprès de sa femme Dominique. Pour sa famille, c’était difficile de le suivre parce qu’il boxait dans toutes les catégories. C’était un 4x4 de la vie. Après la mort de Johnny, Charles Gérard et Belmondo, mes Trois Mousquetai­res, je suis maintenant le dernier des Mohicans. »

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(Photo Patrice Lapoirie)

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