Monaco-Matin

« On n’a plus de joker »

Troisième du championna­t de France à trois courses de la fin, Eric Camilli le Niçois (Citroën C3 Rally2) doit impérative­ment embrasser la victoire ce week-end à domicile. Challenge ardu...

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Eric, la sortie de route qui brise net votre élan de leader l’autre jour au Rallye Coeur de France, elle vous reste en travers de la gorge ?

Non, j’ai tourné la page. Des coups d’arrêt, j’en ai déjà connu et j’en vivrai d’autres. C’est la loi du sport. Un jour on gagne, un jour on perd.

Que s’est-il passé ?

J’ai fait un choix de pneus trop audacieux (gommes dures, ndlr) et j’ai trop attaqué au début de l’ES , voilà. On menait la danse. Pour moi, il y avait moyen de creuser l’écart à ce moment-là. Même si les pneus commençaie­nt à bien chauffer, il manquait du grip. Mettre autant d’engagement si tôt, c’était trop risqué, ça ne valait pas le coup. On n’en avait pas besoin pour gagner. Péché de gourmandis­e...

Vous voilà relégué à  longueurs de la référence Yoann Bonato qui a remporté quatre des cinq manches courues jusque-là. Gardez-vous le titre national en point de mire ?

Je n’ai pas tiré un trait dessus. Rien n’est joué. Tout peut basculer très vite. J’en sais quelque chose puisque je pointais en tête du championna­t il y a un mois, avant le Rallye du Mont-Blanc. La seule certitude, c’est qu’on n’a plus de joker. Sur le papier, la tâche paraît compliquée. À Antibes, ce week-end, il faut que je gagne et qu’il se passe quelque chose dans le camp d’en face. On verra. Je ne me prends pas la tête.

Si la couronne ne se trouve pas au bout de la route, vous serez déçu quand même ?

Le championna­t n’est pas une fin en soi. Si je décroche le titre, c’est top, bien sûr. Au départ, je mesurai très bien l’ampleur du défi à relever contre ces types super affûtés. Ce qui compte le plus, à vrai dire, c’est d’avoir retrouvé mon niveau après la parenthèse Covid, un an sans rouler. On est dans le match depuis le début, on a gagné une course (le Rallye Aveyron Rouergue Occitanie), occupé la tête du championna­t. Un Bonato, en France, il faut aller le chercher. Au MontBlanc, je suis plus rapide au deuxième passage. Au Coeur de France, je prends les devants d’entrée. On n’est pas ridicule, quoi !

« Ma passion, elle est née ici »

Cette semaine, Yoann Bonato et Quentin Giordano « jouent » à l’extérieur. Vous êtes le régional de l’étape. Que représente-t-il à vos yeux, ce Rallye d’Antibes ?

Comme ça, à cette date, avec ce parcours, ces épreuves spéciales, c’est tout simplement la course qui a provoqué l’étincelle. Ou plutôt l’une des quatre courses, avec le MonteCarlo, le Tour de Corse et le Var, où j’accompagna­is mon père. Ma passion, elle est née ici, au bord des routes, en automne.

Je m’en souviens comme si c’était hier. Le vendredi après-midi, je séchais l’école. Il venait me récupérer et on filait ensemble. Direction le col de Bleine, où je lisais la page sport auto de Nice Matin en attendant les concurrent­s. J’ai des images plein la tête : Bugalski qui déboule dans le dernier pifpaf de la spéciale VillarsMas­soins-Tournefort, Loeb, Jordan, les feuilles mortes, l’humidité du matin. Je pourrais écrire un livre ! L’automne est devenu ma saison préférée grâce au Rallye d’Antibes. Lors de mes deux seules précédente­s participat­ions (, ), il se déroulait au printemps. Et il n’avait pas du tout la même saveur. Vraiment !

Ici, Bonato ne compte que quatre participat­ions. Et il n’a jamais gagné...

Oui, mais il a les vidéos de , , ... Moi, je n’ai parcouru le col de Bleine en course que deux fois, il y a fort longtemps, avec la DS R puis avec la  Super . J’apprécie ce profil de route, bien sûr. On fera le maximum avec les notes prises lors des deux passages de reconnaiss­ance. Vendredi matin, là-haut, ce sera le premier juge de paix. Les gens du coin s’attendent à ce que j’affole le chrono. Moi, j’espère juste ne pas me faire pas allumer d’entrée...

Question cash pour conclure : si vous deviez choisir une victoire entre le scratch à Antibes samedi et la catégorie WRC en Catalogne le week-end suivant ?

J’opte pour l’Espagne, sans hésiter. Parce que c’est le championna­t du monde. Au lendemain de l’Antibes, on m’appellera pour me féliciter. Après la Catalogne, en plus, je recevrai peut-être un coup de fil ou deux me proposant un projet, une suite. Avec Citroën, nous sommes en train de construire quelque chose d’intéressan­t. Alors j’aimerais leur offrir une victoire en Mondial afin de prolonger l’aventure.

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La Citroën C Rally du team PH Sport trouvera-t-elle le chemin de la victoire à Antibes ? C’est l’objectif d’Eric Camilli, le chassé redevenu chasseur.
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