Monaco-Matin

Légale ou illégale ? « Je ne sais pas »

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Le rendez-vous avec le nouveau maire, Jean-Marc Macario, sur la piste forestière incriminée, se fait dans le bruit des coups de feu qui éclatent auprès de nous à intervalle­s réguliers. Ça tire dans tous les sens, comme à OK Corral, dans les stands du ball-trap club spéracédoi­s, situés à cent mètres à vol d’oiseau. Dans ce dossier de piste aussi, ça défouraill­e sec. Chacun tire sur les autres. Quand ce n’est pas sur l’ambulance.

« On me l’a vendue comme une piste DFCI »

Depuis notre premier passage sur les lieux, deux semaines plus tôt, une barrière a été posée par la mairie à l’entrée du site. « Mais ça n’a rien à voir avec votre appel », jure le maire.

Autre changement : la piste a fait l’objet d’un nettoyage en surface. Mais en regardant de plus près, en grattant à peine, nous retrouvons des tuyaux, des plastiques et des résidus de bitume mélangés à une terre qui devrait être propre. À plusieurs reprises, l’ancien et le nouveau maire ont affirmé en conseil municipal que ce contournem­ent était une piste de Défense contre les feux de forêt (DFCI). Notre enquête révèle que ce n’est pas une piste DFCI. « Ah bon, pourquoi ? », s’étonne le maire. Et de poursuivre après nos explicatio­ns (lire page précédente) : « Vous me l’apprenez. On me l’a vendue comme une piste DFCI. Je n’ai pas encore posé la question. » Pourquoi ce projet at-il pris de telles proportion­s ? Jean-Marc Macario commet un lapsus : « Appelez le nouveau maire qui vous donnera une explicatio­n. Euh... non... (Il se reprend)... l’ancien maire. Le nouveau, c’est moi. »

Entendu par les gendarmes

Cette piste qui s’élève aussi haut, est-ce normal ? «Oui ça m’interpelle. Mais je fais quoi ? Je m’attaque moimême ? Le donneur d’ordre, c’est la mairie. Si je fais un procès-verbal je m’en fais un à moi-même », assure-t-il. Cette piste est-elle légale ou pas ? « Je ne sais pas. Mais j’ai d’autres priorités, comme la cantine de l’école. » Face aux éléments de notre enquête, il indique qu’il va saisir l’avocat-conseil de la commune. Et précise avoir été entendu par les gendarmes à la suite de la plainte contre X. Sur l’origine du dossier,

Jean-Marc Macario renvoie à la mandature du maire précédent, Joël Pasquelin. « La piste n’est d’ailleurs pas sur le plan local d’urbanisme (PLU, Ndlr) voté en avril 2019 », lâche même Jean-Marc Macario. Il était pourtant adjoint de M. Pasquelin à l’époque et faisait même partie de la commission d’urbanisme qui a travaillé sur le projet de PLU. Il se dit au pied du mur, mais assume : « C’est à moi de prendre des coups. »

« Je n’aurais pas fait comme ça »

L’amiante révélé par les analyses ? Il botte en touche. « Il faut voir combien il y en a réellement. » Les déchets non inertes retrouvés ? «Ce sont des entreprise­s qui déchargent illégaleme­nt le soir en profitant du chantier. » Selon lui, il avait été décidé sous l’ancienne mandature que l’entreprise SEETP devait travailler « gratuiteme­nt » (1). Était-ce écrit quelque part ? «Non.»

Un accord verbal, une gratuité accordée à l’entreprise de BTP pour déverser le volume qu’elle veut dans un site naturel, est-ce une pratique normale ? « Je n’aurais pas fait comme ça », insiste Jean-Marc Macario.

1. La SEETP dit aujourd’hui le contraire (lire page suivante).

 ?? (Photo N. M.) ?? Pour cette interview, le premier magistrat était accompagné de sa première adjointe, Martine Maubert-Rey, et de Viviane Bonnafy, adjointe aux affaires scolaires.
(Photo N. M.) Pour cette interview, le premier magistrat était accompagné de sa première adjointe, Martine Maubert-Rey, et de Viviane Bonnafy, adjointe aux affaires scolaires.

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