À Breil, on se chicane autour de l’ordre protocolaire
Quelques minutes avant le début de la messe en mémoire des victimes de la tempête Alex, célébrée dimanche en l’église Sancta Maria in Albis de Breil-sur-Roya, une scène insolite se déroule au pied de l’autel.
Au premier rang, des étiquettes sont collées pour matérialiser les places réservées aux personnalités. Ces vignettes sont disposées selon l’ordre protocolaire : d’abord le prince Albert II de Monaco, chef d’État étranger en visite officielle, puis les parlementaires Éric Ciotti et Alexandra Valetta Ardisson, le président du conseil départemental Charles Ange Ginésy, et le maire de Breilsur-Roya Sébastien Olharan. Un choix qui fait bondir l’entourage de Valetta Ardisson : «La députée de la circonscription, c’est elle, ce n’est pas l’autre, s’indigne un membre du staff. Elle doit occuper la première place à côté du prince. » Et aussitôt, joignant le geste à la parole, il intervertit les étiquettes.
« Ce n’est pas mon protocole, Madame »
Pas assez vite, cependant, pour échapper à la vigilance des proches d’Éric Ciotti. Qui s’avancent, courroucés : «leur» député est aussi questeur à l’Assemblée nationale, ce qui le place au 9e rang de l’ordre de préséance du Palais Bourbon – et donc avant
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Alexandra Valetta Ardisson. Fort de ce constat, ils remettent les étiquettes dans l’ordre initial. Mezzo vocce, le ton se durcit entre les deux équipes. Personne ne veut céder. Jusqu’à l’arrivée du souverain monégasque qui s’installe, salue Éric Ciotti à sa droite et, un pas plus loin, la députée de la 4e circonscription. Visiblement agacée, cette dernière se penche vers le prince : « Désolée Monseigneur, j’aurais dû être à vos côtés, mais le protocole de M. Ciotti en a décidé autrement. »
L’ancien président du Département se raidit : « Ce n’est pas mon protocole, Madame, c’est celui de la République française ! »
La cérémonie se déroule ensuite sans anicroche. Jusqu’à la sortie de l’église et cette petite phrase désabusée, lâchée par un proche d’Éric Ciotti : « Et encore, ça, c’est anecdotique. Lorsqu’on est à Nice, l’ordre protocolaire, tout le monde s’assoit dessus. » 1. Cet ordre de préséance interne, au sein du bureau, est le suivant : le président de l’Assemblée nationale, les six vice-présidents, les trois questeurs selon l’ordre de présentation et les douze secrétaires.