Où vont les déchets
En 2020, la Carf a traité plus de 60 000 déchets ménagers. Tous sont envoyés en dehors du territoire. Parfois même jusqu’en Espagne.
Le tri des déchets est devenu un réflexe. En 2019, chaque habitant de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf) a trié en moyenne plus de 60 kg d’emballages recyclables et de verre. « Des performances supérieures aux moyennes départementales et régionales », vante la collectivité.
Les Azuréens de l’Est sont donc de bons élèves. Ils maîtrisent le bac jaune et le bac vert. Mais à quoi ça sert ? Et où finissent leurs déchets ? On a fait le point avec la Carf, mercredi, lors d’une visite du centre de tri du groupe Paprec Trivalo situé à l’autre bout du département... à Mandelieu-la-Napoule. Eh oui ! Vos bouteilles en plastique, cartons et autres emballages recyclables voyagent. La Carf ne dispose pas de centre de tri ou d’incinérateur pour les ordures ménagères. Du coup, elle fait appel à des prestataires. L’entreprise Véolia - SMA est chargée de la collecte sur le littoral (Beausoleil, Castellar, Gorbio, Menton, Roquebrune, Sainte-Agnès et La Turbie). Suez est déployée sur le moyen et le haut pays (communes de la Bévéra et de la Roya).
camions par semaine
Une fois remplis, les camions poubelles se rendent au quai de transfert dans la zone industrielle du Careï. Ils déchargent leurs bennes. Des transporteurs prennent le relais et acheminent les déchets recyclables et ordures ménagères dans des centres de tri ou des usines spécialisées qui vont les revaloriser.
« Trois semi-remorques partent toutes les semaines vers le centre de tri de la Paprec qui est le seul du département, indique Franck Forestier, technicien de service de la Carf. Pour les ordures ménagères, environ 15 semi-remorques partent à Nice, dans l’usine d’incinération de l’Ariane. »
Il sort un tableau avec la destination des autres déchets recyclables. Le papier part en Espagne. Le film plastique en Suisse. L’aluminium dans La Manche ou en Normandie. Le verre en Ardèche ou à Béziers. Michel, un des Mentonnais participant à la visite, est cynique : « Eh ! Le camion va se taper 2 000 km pour recycler le papier et on nous dit qu’il faut trier pour l’écologie. » Franck Forestier concède ce paradoxe. Et explique : « Au tout début du tri sélectif, chaque commune voulait avoir un centre de tri. Mais ça demandait de gros investissements. Et, finalement, seuls les gros centres qui pouvaient rentabiliser leurs investissements ont survécu. » Idem pour les usines. Dernier exemple en date : la fermeture en juin 2020 de Chapelle Darblay, la papeterie installée près de Rouen en Seine-Maritime. C’était la dernière usine de recyclage de papier de France. Elle traitait un tiers du tri collectif des Français. Depuis, les communes envoient leurs déchets en Allemagne ou en Espagne, faute de mieux.