Monaco-Matin

ROC D’AZUR (JUSQU’À DIMANCHE À FRÉJUS ET ROQUEBRUNE-SUR-ARGENS)

Quand la jante féminine grince Déçues de voir la course dames disparaîtr­e du programme et ne souhaitant pas s’aligner demain avec les hommes, les deux meilleures pilotes françaises du moment font l’impasse sur le Roc d’Azur.

- LAURENT SEGUIN lseguin@nicematin.fr

Engagée aujourd’hui sur le Roc Tandem, Loana Lecomte ne s’installera pas sur son drôle de vélo avec Pauline Ferrand-Prévot. Le duo aurait pourtant fait des étincelles, mais les deux meilleures pilotes françaises ne pédaleront pas ensemble aujourd’hui. Pas plus qu’elles ne rouleront d’ailleurs demain l’une contre l’autre. Alors n’allez surtout pas imaginer une quelconque brouille entre les deux représenta­ntes du clan tricolore à Tokyo. Et ne voyez pas non plus derrière ce choix une éventuelle lutte de pouvoir entre la jeune Savoyarde de 22 ans, qui s’est récemment imposée sur la coupe du monde, et son aînée, tout juste auréolée d’un second titre de championne d’Europe. Non, c’est juste que PFP a tout simplement décidé, comme Loana Lecomte d’ailleurs, de faire une croix sur le Roc d’Azur.

La Rémoise est pourtant chez elle ici dans le Var, et après quelques semaines de vacances, elle assure avoir «eu le temps d’évacuer » la déception d’une anonyme dixième place aux Jeux olympiques de Tokyo. Mais la disparitio­n de l’épreuve féminine (le Roc dames), ou plus exactement sa fusion avec la course masculine, elle, ne passe pas.

« ASO se fiche de la g... du monde »

«ASO [Amaury Sport Organisati­on, organisate­ur du Tour de France notamment et du Roc d’Azur] se fiche clairement de la g... du monde, peste la triple championne du monde de VTT (2015, 2019 et 2020). Ils font mine de faire des choses pour le cyclisme féminin en créant un Paris-Roubaix féminin, mais sur la plus belle course féminine de VTT en France, ils nous demandent de partir avec les garçons ? Ce qui veut dire que l’on va être bouchonné au bout de dix minutes parce que l’on va rattraper des gars qui n’ont pas notre niveau, explique PFP, en précisant que les hommes roulent plus vite sur le plat et donc que les amateurs masculins, partis plus vite que les meilleures féminines, les coinceront inévitable­ment aux premières difficulté­s. Donc, si c’est pour me retrouver

Loana Lecomte et Pauline Ferrand-Prévot ne rouleront pas demain sur le Roc d’Azur.

à pied au bout de dix minutes de course, sincèremen­t ça n’a aucun intérêt », râle celle qui s’est imposée en 2017 sur le Roc d’Azur et qui, sans cette déconvenue, aurait volontiers bataillé demain dans le massif des Maures. Pour tenter d’ajouter une ligne supplément­aire à son immense palmarès.

« J’aimerais connaître les raisons de ce choix »

« Je pense que j’aurais décalé un peu mes vacances et que j’aurais eu à coeur de prendre le départ, explique PFP. Il y a deux ans, je m’étais cassé le nez et je n’avais pas pu le faire avec mon maillot de championne du monde. L’an dernier, j’étais encore championne du monde et le Roc a été annulé. Et là, j’aurais aimé le faire mais voilà... On verra l’année prochaine, annonce PFP. Mais j’aimerais quand même connaître les raisons de ce choix. Peut-être que ça ne rapporte pas assez d’argent ? Je ne sais pas, soupire enfin Ferrand-Prévot, toute aussi interrogat­ive que son ex-compagnon, Julien Absalon.

« On l’a découvert en voyant le programme, raconte le double champion olympique (2004 et 2008). On s’est d’abord dit que c’était une erreur, qu’il manquait une ligne mais non, on va faire partir les filles avec les garçons. Je n’arrive pas à comprendre, ça n’a pas de sens », sourit Absalon à l’unisson avec Ferrand-Prévot. Un tandem qui n’en est donc plus un à la ville mais qui parle toujours le même langage dès lors qu’il s’agit de vélo. On vous l’a dit, ne cherchez pas de brouilles inutiles. Peut-être juste des réponses à ce drôle de choix.

Le choix peut quand même surprendre à une époque où ASO oeuvre pourtant pour la valorisati­on du cyclisme féminin…

On ne le dévalorise pas. Bien au contraire. On les met sur le même tracé que les hommes, avec le même prize money. Le but est justement d’avoir un traitement identique.

Exception faite de Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecomte, dans quelle mesure ce choix impacte-t-il la participat­ion féminine au Roc d’Azur ?

Vous savez, sur les précédente­s éditions, les amatrices étaient déjà sur le Roc d’Azur. On perd juste la course élite dames. Et c’est d’ailleurs pour ça que les critiques viennent des élites.

Ne pouviez-vous pas maintenir cette course élite dames tout en la sortant de l’anonymat dont vous parlez. En la programman­t à un autre moment…

Le nombre d’épreuves fait que lorsque l’on touche à une épreuve, tout le reste est très vite impacté. On est à un stade où l’on ne peut plus se permettre d’ajouter, ni même de déplacer, une épreuve. Notre marge de manoeuvre est très réduite. Ce choix permet d’ailleurs de fluidifier le Roc d’Azur avec un départ plus tôt et donc avec des vagues plus espacées (toutes les  minutes contre tous les quarts d’heure par le passé).

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