Monaco-Matin

Laurence Sarfati : « C’est ma ligne de vie »

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Laurence Sarfati a choisi Tende il y a 25 ans, séduite par la ligne, justement. Un souvenir à bord du train Nice-Tende-Cuneo ? Ses week-ends de liberté. Ceux où elle pouvait « aller au musée à Turin le samedi, et se promener le dimanche à Nice », sa ville d’origine. Un train « toujours rempli », àbordduque­l « ça parlait français, italien, nissart, occitan’’. On avait le sentiment qu’on pouvait aller partout ». Mais il y a un an, Laurence a décidé de déménager à Breil-surRoya, un peu plus bas dans la vallée parce que la fréquence des trains ne satisfaisa­it pas ses attentes.

Engagée, Laurence Sarfati n’a jamais hésité à se mobiliser pour cette ligne. Il y a 10 ans, alors que la portion italienne de la ligne Nice-Cuneo menace de fermer, une grande manifestat­ion a lieu à Tende. S’ensuit la création du Comité franco-italien pour la défense et le développem­ent de la ligne ferroviair­e. Elle devient community manager de la page Facebook du comité. C’est elle qui relaie les informatio­ns aux passagers habituels ou occasionne­ls, elle aussi qui reçoit régulièrem­ent des messages d’usagers mécontents.

« Pour moi, ce n’est pas une question de patrimoine, d’histoire. C’est ma ligne de vie. Et plus que jamais depuis la tempête. »

Pourtant, la tempête Alex a démontré que le train était plus que jamais nécessaire. Alors que les routes et ponts sont coupés, cette ligne de train devient le seul moyen de se déplacer et de ravitaille­r la vallée.

Dans la Roya, nombreux sont les habitants qui comptent sur ce train pour leurs déplacemen­ts quotidiens. Depuis Breil, la fille de Laurence emprunte tous les jours la ligne pour se rendre au lycée René-Goscinny, à Drap. D’autres descendent travailler à Nice. Et quand vient l’hiver, familles et groupes scolaires prennent le train des neiges, qui les emmène au ski à Limone. Pour Laurence, la survie de la vallée dépend de la survie de cette ligne.

Des familles ont déjà quitté la Roya à cause des problèmes de mobilité. « Tant qu’on dépendra de la route, ce sera l’angoisse. On a eu les convois, maintenant avec l’automne qui arrive on a tous peur. Dès qu’il pleut, c’est la panique. On a besoin du train. » Aujourd’hui, elle n’attend qu’une chose : « Que les différente­s parties impliquées dans la gestion de cette ligne s’assoient autour d’une table, et se mettent d’accord. » Afin que cette ligne ne soit plus considérée comme « franco-italienne », mais « européenne ».

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(Photo Eric Ottino) Laurence Sarfati.

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