Monaco-Matin

«LaRocaTeam­nedoit pas avoir de complexes »

Célèbre voix du basket français, David Cozette a fait son grand retour sur l’antenne de Monaco Info. Il y commente les matchs de Monaco en EuroLeague, dont celui de ce soir face à Barcelone.

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Les fans de la balle orange en étaient orphelins. Voilà un an et demi, et le match entre Monaco et Dijon, qu’ils n’avaient plus entendu le timbre vibrant de David Cozette à l’antenne.

La voix du basket tricolore – avec les légendes Georges Eddy et Jacques Monclar – avait délaissé les parquets de France et d’Europe pour ouvrir, en bord de mer, son hôtel à Hyères. Celui qui est notamment passé par Canal puis L’Équipe puis SFR Sport est revenu à ses premiers amours. « Je ne sais pas si j’ai manqué au basket français, mais à moi le basket français m’a manqué. Follement. Éperdument », a-t-il twitté le 29 septembre avant d’annoncer son retour à l’antenne de Monaco Info. Un joli coup pour la chaîne monégasque. David Cozette y commente, aux côtés d’Ali Traoré, les matchs de la Roca Team en EuroLeague. Il sera, ce soir à 19 heures, à GastonMéde­cin pour décrire, analyser, décrypter la rencontre face à un mastodonte de la compétitio­n reine : le FC Barcelone. Interview.

David Cozette de nouveau aux commentair­es du basket. Un bonheur immense ?

Je n’imaginais pas à quel point cela me manquerait pendant un an et demi. Mon idée était de lancer mon hôtel et, une fois en place, commenter ponctuelle­ment des matchs. J’avais toujours ce rêve en tête mais je n’étais sûr de rien. Une fois sorti du milieu, ce n’est pas évident de retrouver une place car chaque chaîne a ses commentate­urs. Le contexte était encore plus délicat avec le problème des droits sportifs.

Que Monaco Info m’ait donné cette opportunit­é d’exercer à nouveau ma passion est un vrai bonheur.

D’autant plus pour l’EuroLeague et avec un Monaco qui gagne ses matchs.

Deux victoires en trois matchs d’EuroLeague. Monaco n’est, finalement, pas un si petit Poucet que ça?

Contre le Real Madrid, quand on voit un Yakuba Ouattara qui fait office de treizième joueur, c’est la preuve d’une équipe dimensionn­ée pour l’EuroLeague. Avec une grosse profondeur de banc. Avec l’arrivée d’un Mike James, un joueur comme Will Thomas est arrivé de manière anonyme. Par le passé, ça aurait été un événement. Qu’un joueur de son statut ne soit, finalement, qu’une petite pièce du puzzle, ça montre à quel point Monaco est une équipe qui tient la route. Elle n’est pas juste venue pour survivre comme c’était le cas, ces dernières années, avec les clubs français.

La Roca Team va jouer tous les trois jours, en mode NBA. Comment tenir dans le temps sans délaisser la Betclic Élite ?

Même si Monaco ne finit pas premier de la saison régulière, qu’il perd des matchs traquenard­s contre des clubs qui voudront se taper une équipe d’EuroLeague, ils seront en playoffs. Et personne n’aura envie de les jouer à ce moment-là.

Le plus probable, et sans même préjuger à l’avance de ce qui va se passer, c’est que Monaco et l’ASVEL Monaco ont de bonnes chances de se retrouver en finale du championna­t français.

Après l’EuroLeague, ils auront six semaines pour se préparer tranquille­ment aux playoffs.

Monaco est passé par tous les états face au Real Madrid, sans le

succès au bout. Que lui manque-til pour remporter ces grosses rencontres ?

De moins respecter ces adversaire­s prestigieu­x. En début de match, on avait l’impression de petits garçons face à des champions, face à un club qui a gagné dix fois l’EuroLeague.

Ont-ils été impression­nés ? Sans doute. Mais quand ils sont dans le match, ils se rendent compte qu’ils peuvent jouer d’égal à égal. On peut imaginer qu’ils ont beaucoup appris mardi soir, et qu’ils en tireront la leçon. Sur le parquet d’un gros, dès le début du match, ils iront les challenger et seront moins spectateur­s. Face au Real Madrid, ils sont remontés mais au prix de quelle énergie ?

Prochain gros morceau : Barcelone. C’est prenable ?

Monaco a montré que toutes les équipes étaient prenables.

J’ai, aussi, ce sentiment qu’il n’y a plus d’équipes intouchabl­es, archidomin­antes comme par le passé. Monaco et Villeurban­ne ont les effectifs taillés pour les titiller. Barcelone reste toutefois un très un gros morceau. À la maison, la Roca Team ne doit pas avoir de complexes.

Dix ans plus tôt, le club affrontait des équipes de Nationale … Quel regard portez-vous sur cette ascension ?

C’est un peu le même type d’histoire que Nanterre qui est passé de la départemen­tale jusqu’à l’EuroLeague, sauf que ça s’est réalisé en plus de vingt ans. Dans les échelons inférieurs, Monaco avait plus de moyens que ses rivaux. Ils ont gagné la Leaders Cup mais n’ont pas eu la consécrati­on pour le titre de champion.

Ce ne sont pas les dix dernières années qui m’impression­nent le plus, mais bien ce qu’on vit actuelleme­nt. Quand on a appris que Mike James arrivait, on avait tous la bouche grande ouverte. C’était comme dans un film.

On ne l’aurait jamais rêvé.

L’argent apporté par les dirigeants ukrainiens a-t-il été le seul facteur de réussite ?

Si Monaco a eu cette progressio­n fulgurante, c’est, bien sûr, grâce à l’argent. Dans les échelons inférieurs, le club avait un budget surdimensi­onné. Mais ce serait réducteur de résumer ce succès à ce facteur. L’argent ne fait pas tout. L’histoire du sport a montré qu’il ne suffisait pas d’aligner les billets, de rémunérer les stars…

Il faut un vrai projet sportif, une cohérence, des coups malins sur le recrutemen­t, une vraie connaissan­ce du basket. Monaco a eu tout cela. Il y a eu un travail de fond, avec Oleksiy Yefimov, avec le boulot du coach.

‘‘

Pas venue pour survivre ”

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Des petits garçons face àdes champions ”

L’AS Monaco a désormais un budget de  millions d’euros (+ %) et une masse salariale de , millions d’euros (+ %). C’était vital pour espérer exister à ce niveau ?

Quand on comparait les budgets français, notamment celui de l’ASVEL qui était le mètre-étalon, avec ceux européens de  millions d’euros, on se disait qu’on y arriverait jamais, que ce ne serait ni pour demain, ni pour aprèsdemai­n, ni pour un jour.

Là, du jour au lendemain, ça devient concret. C’est comme un rêve qui se réalise pour tous ceux qui aiment le basket, qui ont souffert pendant des années. Aux côtés de Jacques Monclar ou de Georges Eddy, je me souviens de campagnes européenne­s où l’on savait déjà que l’équipe qu’on suivait prendrait  ou  points. Il n’y avait même pas de petit espoir de créer quelque chose. Ça a complèteme­nt changé.

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(Photo Michaël Alési / Dir Com) David Cozette est l’une des grandes voix du basket tricolore.

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