« On n’enseignera plus de la même façon »
Les hommages aujourd’hui
En plus des minutes de silence, lectures, recueillements programmés dans tous les établissements scolaires du département aujourd’hui, l’académie de Nice rendra hommage à Samuel Paty à midi, au rectorat, en présence du recteur Richard Laganier, du préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzales, d’élèves et de professeurs d’un collège niçois. Un temps de recueillement silencieux se tiendra à 19 heures, place Garibaldi à Nice, autour du grand arbre face au manège, à l’appel des syndicats enseignants SnesFSU de Nice et du SNUipp-FSU
Fabienne Langoureau, professeur de français au lycée Calmette de Nice et secrétaire départementale du SNES-FSU : « Chez les enseignants il y a un avant et un après Samuel Paty. Ce qui était encore impensable, il y a un an, est arrivé. Ça a fortement ébranlé la communauté éducative. Mais du point de vue de l’institution, rien n’a changé. Il y a eu beaucoup de discours mais peu d’actes. Ce n’est pas en rebaptisant une école qu’on va régler le problème ! Les conditions de travail des enseignants sont de plus en plus difficiles. La vidéo de l’enseignante violentée en Seineet-Marne en est la preuve. Car quand on est à 36, 37, 38, parfois 39 élèves dans une classe, ça met parfois un climat difficile. Nous ne sommes pas aidés ni soutenus. Aujourd’hui, quand on parle du blasphème, de la liberté d’expression, il y a cette réserve… parce qu’on a pris conscience de la violence que ça peut générer. On fait attention aux mots qu’on emploie. Avant on en parlait de façon plus décontractée. On ne doit pas s’autocensurer a déclaré le ministre de l’Education. C’est facile à dire ! Il n’y a pas d’autocensure mais on réfléchit à comment ça peut être compris. On est tous perturbés à l’approche de cette date anniversaire. « On n’enseignera plus de la même façon. Samuel Paty est quelque part avec nous. Ce vendredi, il n’y a pas un seul enseignant qui ne pensera pas à lui. Et nous allons faire en sorte qu’il n’y ait pas un seul élève ».
« Ça a fortement ébranlé la communauté éducative. Mais du point de vue de l’institution, rien n’a changé », déplore Fabienne Langoureau, secrétaire départementale du Snes-FSU.
(DR) chez les enseignants pour évoquer les notions de laïcité, liberté d’expression car la force de notre métier a repris le dessus. « Notre métier c’est de créer la force critique des élèves pour ne pas céder à la peur, au terrorisme. C’est un travail qui s’inscrit sur un temps long. Ces séquences-là on les bâtit sur plusieurs années, sur plusieurs niveaux. Le ministère n’a pas donné les moyens pour former correctement les élèves en éducation morale et civique. Il faudrait plus de moyens horaires, permettre des dédoublements en demigroupe pour travailler ces notions-là qui sont importantes pour faire naître un esprit critique, débattre, confronter les opinions et les points de vue. Par notre travail pédagogique, nos missions de formation des élèves nous faisons vivre la mémoire de Samuel Paty au quotidien ».