Monaco-Matin

« Un an après, nous sommes toujours sur le choc »

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de liberté d’expression, il y a eu des modules de formation proposés, quelques journées, mais ce n’est pas assez dense. Il faut que ça soit inscrit dans la durée, car les collègues se sentent démunis. Le sentiment qu’on a c’est qu’ils font plus attention à ce qu’ils disent et montrent qu’avant. Le rapport à l’autorité a changé. Regardez ce qui s’est passé en Seine-et-Marne, ça fait froid dans le dos ! La laïcité, un des fondements de l’école de la République, on y met ce qu’on veut. Il faudrait la redéfinir. Des efforts ont été faits en un an mais nous ne nous sentons pas assez soutenus ».

Céline Florentino, enseignant­e du réseau d’aides spécialisé­es aux élèves en difficulté à Nice : « Avant quand on rencontrai­t une difficulté on se disait qu’on allait laisser la situation se décanter. Dans l’affaire Samuel Paty on a tellement voulu apaiser la situation qu’on n’a pas vu le danger qui planait. Aujourd’hui on a un sentiment d’urgence : la priorité c’est la sécurité des personnels. Qu’est-ce qu’on gagne à être discret ? Rien. Il faut parler. Le système est défaillant. Le ministère en a pris conscience. Des référents-laïcités [pour former les enseignant­s à aborder ces questions] sont en train d’être formés. Ça tarde mais ça arrive. C’est indispensa­ble. En 32 ans de carrière j’ai eu deux jours de formation à la laïcité. Dernier exemple en date une jeune enseignant­e qui, pour la fête des mères, a fait réaliser à ses élèves une boîte à bijoux avec une étoile dessus. Un parent lui a dit « c’est un symbole religieux ». Sa réaction : je ne ferai plus jamais dessiner d’étoile. Ce n’est pas normal. Un an après le drame nous sommes toujours sous le choc. Avant on pensait que la laïcité à l’école c’était un préacquis chez les élèves. On s’est lourdement trompé. »

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