L’adieu à Jean-François : l’envol d’une étoile…
Les obsèques de Jean-François Roubaud, figure emblématique de Nice-Matin, se sont déroulées hier, à l’église Saint-Pierre-d’Arène de Des obsèques décalées, rock’n’roll. À son image…
Une messe d’obsèques pour Jean-François Roubaud. Une messe pour un homme de gauche, pas croyant. En tout cas, pas au sens religieux du terme. Oui, mais une messe différente des autres. Plutôt une grand-messe. Une kermesse. Adoubée par le père Gil Florini, curé de l’église Saint-Pierred’Arène. Réunissant toute la famille de Nice-Matin. D’hier et d’aujourd’hui. Venue dire un dernier adieu à Jeff. Le journaliste brillant, la figure emblématique du groupe Nice-Matin qu’il avait défendu de toute son âme, emporté brutalement de l’autre côté du miroir mercredi dernier, a tiré son ultime révérence hier matin. Près de deux heures d’une cérémonie à part. Décalée. rock’n’roll. A l’image de celui qui a rempli l’église de parents, amis, collègues, personnalités politiques (1).
Portrait géant
On se doutait bien qu’il s’agirait
Il y avait foule, hier, sur le parvis de l’église Saint-Pierre-d’Arène à Nice.
d’un moment un peu à part. « Zarbi » comme aurait dit Jeff. Déjà, avec les panneaux recouverts de photos rappelant les jours heureux ou les briquets posés sur les bancs. Ensuite avec le dress code préconisé, la veille, par les proches : tenue rock, teeshirt étoilé, baskets. Plus une distribution de masques noirs estampillés Rock’n’roll is not dead ! La suite fut tout aussi inédite. L’arrivée du cercueil recouvert d’un drap funéraire bleu vif, peint par l’artiste Patrick Moya. L’autel dominé, envahi par un gigantesque portrait du défunt. Bras croisés, barbe de quelques jours, sourcils légèrement froncés, sourire un peu pincé. Le Jeff qu’on aimait. Image portée par des gerbes de fleurs. Et de pleurs. Et cette remarque pleine de sousentendus du curé : «Jevousinvite à vous laisser porter. Ne cherchez pas à comprendre. Vous chercherez plus loin, plus tard. »
Des stickers en guise d’hosties
Chercher quoi ? Peut-être cette drôle de sensation née d’un égrégore pluriel, servi par trois moments forts : souvenirs, amitié et espérance. Quatre petites vidéos sur l’enfance, l’existence, le grand reportage, les joyeuses bêtises aussi, l’engagement syndical. Les témoignages. Tellement émus, tellement émouvants. De Sophie, la belle-soeur ; d’Eric, le frère de coeur. Une relecture de vie. Précédant l’expression de l’amour, de l’amitié, de l’affection à travers des stickers foot, rock, étoiles… collés par tout le monde sur le cercueil comme des dizaines d’hosties à la Roubaud. Communion un peu folle. Sur fond de musiques des groupes et chanteurs qu’il adorait : Gorillaz, Massive Attack, Neil Young, The Cure, Damon Albarn…
Une étoile pour espérer
Après ce partage joliment et tendrement pagaille, l’espérance. La prière à l’étoile. Etoile chère à Jeff. Décryptée par le père Florini : « Jeff était un leader, un chef de bande et cette étoile formait le signe de reconnaissance. Etoile capteuse de flux, symbole bénéfique représentant l’harmonie, la perfection, les cinq sens de l’être humain. » Signe de confiance aussi : « Une vie, même courte, doit continuer dans les coeurs, dans la vie réelle, les valeurs, les choix, les désirs de celui qu’on accompagne. »
Pour beaucoup de salariés de Nice-Matin, Jeff fut l’étoile guidant vers la lumière qui sauve du naufrage économique. Aujourd’hui, Jean-François Roubaud a rejoint les étoiles d’un ciel où il n’a pas fini de briller.
1. On remarquait notamment Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole NCA ; Eric Ciotti, député ; Dominiques Estrosi-Sassone, sénatrice ; Charles Ange Ginesy, président du conseil départemental ; des membres du conseil municipal…