Monaco-Matin

JOURNÉE, TOULON – RACING , CE SOIR À H) « Continuer d’écrire l’histoire »

Cheslin Kolbe sera présenté au public ce soir, à l’occasion de la réception du Racing 92. Encore blessé, il a déjà foulé la pelouse de Mayol, hier, avant de répondre à nos questions.

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE MICHELIER

De mémoire, le dernier joueur à avoir été présenté à Mayol restait le Japonais Ayumu Goromaru en 2016. Eben Etzebeth ou encore Sergio Parisse, par exemple, avaient eu un accueil à Berg. Hier, Cheslin Kolbe a donc eu les honneurs de l’antre du RCT. Après un repas dans une bonne table toulonnais­e, en compagnie de l’état-major du club ainsi que ses représenta­nts, l’ailier champion du monde a pris la direction de Mayol pour une présentati­on à la presse. Arrivé avec son attelle au genou gauche, il a répondu aux questions des médias avant de poser sur la pelouse pour les photograph­es. Après cela, nous avons eu l’opportunit­é d’échanger avec lui. Souriant, ambitieux, le garçon semble épanoui et sûr de son choix d’avoir quitté Toulouse pour Toulon.

On vous sait blessé, vous portez une attelle, comment va votre genou ?

Je me suis blessé avec la sélection en Australie. Je suis encore en rééducatio­n, mais honnêtemen­t, je n’ai pas d’inquiétude. Je vais rencontrer tout le monde au club et faire en sorte de revenir au plus vite en continuant mon programme de reprise. J’espère revenir sur les terrains très rapidement.

Comment vivez-vous vos premières heures à Toulon ?

Depuis notre atterrissa­ge hier (jeudi), tout le monde a été super avec nous. C’est idéal pour être le plus à l’aise possible. Je suis très heureux d’être ici à Toulon.

Depuis deux jours, votre arrivée est très médiatisée. Est-ce quelque chose que vous appréciez ou auriez-vous aimé plus de discrétion ?

(Rires) C’est un bel accueil. Il faut trouver le bon équilibre. C’est une

Le champion du monde doit encore soigner son genou avant d’enfiler le maillot.

bonne chose en soi, mais ça peut aussi devenir quelque chose de négatif si on joue mal et que l’on ne répond pas aux attentes. J’essaie d’être toujours moimême, de donner le meilleur. Je vais essayer de jouer du mieux possible, de continuer d’écrire l’histoire du club et apporter encore plus de succès.

Avez-vous déjà pu mesurer la passion autour du club et l’importance du RCT à Toulon ?

J’ai déjà eu un avant-goût lorsque je suis venu jouer ici en . L’ambiance était énorme. C’est une ville passionnée, j’aime ça. C’est incroyable le soutien pour l’équipe et cette arrivée au stade avant de rejoindre les vestiaires avec les fans qui entourent les joueurs. C’est vraiment quelque chose de spécial. C’est un endroit particulie­r pour jouer au rugby. J’espère pouvoir rendre aux supporters ce qu’ils nous donnent, j’ai hâte de jouer pour eux. On n’est rien sans les fans.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet RCT ?

Beaucoup de personnes me posent cette question. Ma famille et moi cherchions un nouveau challenge, avec la volonté de découvrir autre chose. L’opportunit­é de Toulon s’est présentée. C’est un club que je suivais lorsque j’étais en Afrique du Sud. Désormais, il s’agit pour moi d’apporter mon expérience, d’aider et inspirer les jeunes joueurs et de montrer sur le terrain afin de gagner le respect de mes coéquipier­s.

C’est une décision que je suis certain de ne pas regretter.

Cet été, deux événements ont marqué le sport en France. L’arrivée de Messi à Paris et la vôtre à Toulon…

(Rires) Je ne pense pas que l’on puisse comparer nos deux situations, dans deux sports vraiment différents. Mais lorsque j’ai reçu cette opportunit­é, c’était super pour ma famille et moi. J’ai passé de merveilleu­ses années à Toulouse. Mais j’avais besoin d’un nouveau challenge et j’avais la sensation d’avoir tout donné là-bas. On parle beaucoup d’argent, alors oui, c’est un élément qui a compté, mais c’était aussi pour moi l’occasion de sortir de ma zone de confort. J’espère pouvoir gagner des titres avec Toulon. Je suis très enthousias­te.

Vous parlez beaucoup de votre famille, est-elle centrale dans vos prises de décision ?

Ma famille est très importante. Ma femme est formidable, elle m’a toujours aidé à suivre mon rêve. Aujourd’hui, où que l’on aille, j’essaie d’être là pour eux, ils m’ont toujours soutenu dans les hauts comme dans les bas. Ils me motivent à me lever le matin. Je suis vraiment reconnaiss­ant.

Il existe une grosse attente autour de votre arrivée, notamment en raison des résultats mitigés de l’équipe depuis le début de la saison. Comment appréhende­z-vous cela ?

Je sais qu’il y a beaucoup d’attente. Je vois de grands talents dans cette équipe. J’ai vu beaucoup de ses matches lorsque j’étais en Australie. Je peux comprendre la frustratio­n des supporters. Mais je suis certain que les joueurs ne sont pas satisfaits non plus des résultats. Et nous avons besoin que les supporters continuent de nous encourager, de croire en nous. Aux joueurs ensuite d’assurer, mais les résultats vont venir. Je vais faire de mon mieux sur le terrain pour que tous ensemble nous puissions écrire de beaux moments à fêter avec le public.

Avez-vous pu échanger avec le staff ?

J’ai parlé avec le manager (Patrice Collazo, Ndlr) avant ma signature. Mais je ne l’ai pas rencontré en personne. Nous n’avons pas encore parlé de plan de jeu ou autre. Mais j’espère pouvoir discuter avec lui ainsi que les gars avant le match face au Racing.

On vous connaît comme ailier, mais on vous a aussi vu à l’arrière et à l’ouverture. Où vous sentezvous le plus à l’aise aujourd’hui ?

(Rires) Je suis heureux à l’aile ! Mais j’aime jouer au rugby tout court. À l’ouverture, c’est agréable car on se retrouve au coeur du jeu. Mais je suis disposé à jouer partout où on a besoin de moi, enfin, pas pilier non plus !

Bryan Habana a joué ici avant vous, fait-il partie de vos idoles ?

‘‘

J’ai eu la chance de sortir de ces quartiers...”

C’est un modèle pour beaucoup de monde en Afrique du Sud.

Il a une carrière incroyable. Nous avons un lien privilégié. Il me conseille beaucoup, il a toujours été là pour ma famille et moi. C’est vraiment un super gars.

Pour parler de vos origines, vous venez d’un quartier difficile au Cap. Avez-vous, à votre tour, valeur d’exemple pour la jeunesse ?

Oui, à  %. C’est difficile de grandir dans ce genre de quartier rongé par la pauvreté, les gangs, la drogue. C’est malheureus­ement le quotidien là-bas, j’ai perdu des amis à cause de ça. Beaucoup de jeunes ont du talent mais n’ont peut-être pas pris les bonnes décisions et n’ont pas pu faire une carrière. Moi, j’ai eu la chance d’avoir le sport pour me sortir de là. J’essaie d’être un modèle pour ces gamins mais aussi pour tous mes compatriot­es. Je sais ce qu’ils ont à affronter, avec l’absence d’opportunit­és. J’essaie de revenir au pays pour les conseiller, leur donner à mon tour des opportunit­és pour qu’ils réussissen­t. C’est un travail long, j’essaie d’aider au mieux.

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(Photos Luc Boutria)

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