Monaco-Matin

Alpes-Maritimes

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d’ajouter que les chasseurs ont une responsabi­lité immense. « Est-ce une attitude responsabl­e que de leur donner à manger, pour les fixer dans un endroit ? Est-ce une attitude écologiste responsabl­e de créer des chasses gardées ou privées où les animaux sont entretenus pour ensuite les tirer ? » Jean-Philippe Frère, oléiculteu­r au Rouret, dans les Alpes-Maritimes, estime lui aussi qu’ «ilya eu des débordemen­ts avec l’agrainage, désormais soumis à autorisati­on des syndicats agricoles et de la chambre d’agricultur­e du 06 », dont il est premier vice-président en charge des dégâts dus au gibier.

Non-dits et incohérenc­es

Il précise que « l’urbanisati­on est telle que plusieurs communes comme Cannes ont perdu leur société de chasse, et que seuls les 43 louvetiers des Alpes-Maritimes peuvent intervenir dans les zones urbaines et péri-urbaines. Ils ont prélevé 1 500 sangliers en 2020. C’est dans ces secteurs que se trouvent nombre d’exploitati­ons agricoles, où l’impact du sanglier peut aller jusqu’à 30 % de perte ».

L’animal y est classé « noir » et il peut être chassé de la mi-août jusqu’à fin février. Dans le Var, c’est du 1er juin au 31 mars. Autant d’arguments qui se télescopen­t, à tel point qu’une laie n’y retrouvera­it pas ses petits. Nondits et incohérenc­es heurtent l’opinion. En voici quelques exemples...

■ La chasse est-elle possible dans des espaces protégés ? Oui, elle se pratique par exemple dans la réserve naturelle de la plaine des Maures. Mais le préfet du Var l’a interdite, pour un an, après le grand incendie dont elle a été victime cet été. Les parcs naturels régionaux l’autorisent aussi, comme celui des Préalpes d’Azur. L’Associatio­n pour la création du parc naturel régional de la SainteBaum­e, par exemple, a estimé que « la pratique de la chasse, activité à caractère environnem­ental, culturel, social et économique, contribue à l’équilibre entre le gibier, les milieux et les activités humaines, en assurant un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétiqu­e ».

Mais que le prélèvemen­t doit être raisonnabl­e et se faire sur les ressources naturelles renouvelab­les. Dans les Alpes-Maritimes, il n’est pas possible de chasser dans le parc national du Mercantour mais c’est autorisé dans les communes faisant partie de l’aire d’adhésion. Cerfs, chamois, mouflons font l’objet d’un plan de chasse, limitant les prélèvemen­ts.

■ Quelle est la portée d’une balle destinée à un sanglier ? « Elle est de deux kilomètres voire plus », explique Laurent Faudon, président de la fédération de chasse du Var, tout en précisant que les tirs sont fichants. C’est-àdire « qu’ils finissent dans la terre et ne vont pas plus loin que 200 ou 300 mètres » selon le sénateur Jean Bacci.

D’où l’installati­on de miradors, comme au Castellet et au Beausset, où treize de ces installati­ons ont été détruites. Une plainte a été déposée à la gendarmeri­e par les sociétés de chasse locales. « Les détruire, c’est aller à l’encontre de la sécurité des chasseurs, des randonneur­s et des VTTistes », tempête Jacky Potel, président de la société de chasse du Castellet.

■ Une campagne de piégeage du renard peut-elle précéder un lâcher de gibier ? C’est nécessaire, explique Laurent Faudon. Car les renards sont des prédateurs pour tout le petit gibier d’élevage libéré chaque année : faisans, lapins, cailles... Pas question qu’ils les croquent avant que les chasseurs ne les tirent. Ce n’est pas le modèle de biodiversi­té dont rêvent les écologiste­s. 1. Huit arrêtés sont parus vendredi au Journal officiel, autorisant des chasses d’oiseaux dites traditionn­elles par piégeage malgré une décision du Conseil d’État qui les jugeait illégales, arrêtés immédiatem­ent attaqués par des associatio­ns.

Une campagne de piégeage du renard précède le lâcher de petit gibier”

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