Villefranche : le mouillage illégal chassé de la rade
Les services de l’État ont mené une opération d’évacuation des bateaux. Le but de ce dispositif ? Faire la place pour l’installation des zones de mouillage et d’équipements légers.
Après être longtemps restée une lointaine abstraction, la ZMEL (zone de mouillage et d’équipements légers) de Villefranche-sur-Mer est entrée en phase concrète, jeudi. Voilà des années que le maire, Christophe Trajani, entend mettre en place la ZMEL, dont le but est de réguler le mouillage dans la rade : il faudra à terme mouiller sur quatre secteurs bien spécifiques. Il avait obtenu deux arrêtés préfectoraux en décembre : le feu vert pour occuper temporairement plusieurs dépendances du domaine public maritime.
« C’est le sens de l’intérêt général »
Jeudi, l’État, par le biais de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), a fait évacuer 21 bateaux de plaisance, en « mouillage illégal ». « Cela nous permettra de lancer l’opération préalable à l’installation de la ZMEL : le nettoyage des fonds marin, avant de permettre à l’entreprise de pouvoir fixer les ancrages », approfondit Mathieu
Eyrard, directeur adjoint de la DDTM, délégué à la mer et au littoral.
« Une mise en demeure a été envoyée à tous les propriétaires connus, poursuit le représentant de l’État. Certains n’avaient pas pu être identifiés. Ils se sont manifestés et ont récupéré leur embarcation pour la mettre ailleurs. » L’État a lui-même écarté certains bateaux. Deux d’entre eux, sans propriétaire identifié ont été emmenés pour être stockés. Pas question de démolition pour le moment. Si les propriétaires ne se manifestent pas, une procédure d’abandon pourra être lancée – avec une déchéance de propriété – et pourra éventuellement engendrer une démolition. « Mais ces procédures sont longues », souligne-t-il.
Lino Perfetto, président de l’association Les amis de la rade de Villefranche, crie au « scandale ». Contre l’opération du jour, mais aussi contre la ZMEL de Trojani, qu’il a décidé de couler. Il affirme aussi que deux bateaux ont été « découpés en morceaux ». Selon lui, l’évacuation ne devait pas avoir lieu, parce qu’il avait déposé un recours contre la mise en demeure. Il a aussi déposé un recours au tribunal administratif contre la ZMEL ce qui, assure-t-il doit avoir « un effet suspensif » sur les opérations. Ce qui est pourtant faux.
Comment Mathieu Eyrard voit-il ces oppositions ? « Notre démarche, c’est de substituer des opérations illégales qui privatisent l’espace public à des mouillages organisés et écologiques, confiés à une collectivité. C’est le sens de l’intérêt général ». Quant au maire de Villefranche, il n’a pas répondu à nos sollicitations.